3-44. François-Félix Tisserand

François-Félix Tisserand (1845–1896) est né à Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or), fils d’un tonnelier. Major de sa promotion à l’École normale supérieure (1863), il a suivi l’enseignement de Charles Hermite, et a été recruté en 1866 en tant qu’astronome adjoint par Urbain Le Verrier à l’Observatoire de Paris, où il devait débusquer les erreurs de la théorie de la lune de Delaunay. Cette théorie, que Tisserand connaissait selon Poincaré “mieux que l’inventeur, peut-être” (Poincaré 1896), a été le sujet de sa thèse, soutenue à la Faculté des sciences de Paris (Tisserand 1868). Tisserand a été nommé à la direction de l’Observatoire de Toulouse en 1873, et il devint correspondant de la section d’astronomie à l’Académie des sciences de Paris l’année suivante. En 1878, Tisserand succéda à Le Verrier dans la section d’astronomie de l’Académie des sciences et au Bureau des longitudes. Du côté de l’enseignement, à la Sorbonne il fut suppléant à Liouville dans la chaire de mécanique rationnelle, puis titulaire en 1882, avant de succéder l’année suivante à Puiseux dans la chaire d’astronomie mathématique et de mécanique céleste (Estanave 1906, 12).

Une fois installé à la Sorbonne, Tisserand a entrepris deux grands projets: la fondation du Bulletin astronomique en 1884, et la rédaction de son Traité de mécanique céleste (Tisserand 1889), salué par Poincaré comme un “grand Ouvrage”, qui a été pour sa génération l’équivalent du Traité de Laplace (Poincaré 1896). “C’est le livre que Laplace aurait écrit”, disait Poincaré plus tard, “s’il avait vécu de nos jours” (Poincaré 1900, E11). Les deux premiers tomes du Traité de Tisserand ont paru en 1889 et 1891; en 1892, Tisserand a été nommé à la direction de l’Observatoire de Paris, là où sa carrière d’astronome avait commencé 26 ans plus tôt. La même année, Tisserand a appuyé avec succès la candidature au Bureau des longitudes de Poincaré, à qui Tisserand comparait Lagrange, Laplace, et Poisson (voir son rapport, § 3-48-1).

Les trois lettres de Tisserand à Poincaré concernent la collaboration de ce dernier avec le Bulletin astronomique. Avant même que ce journal soit lancé, Tisserand encourageait Poincaré à s’intéresser aux “problèmes astronomiques” (Tisserand à Poincaré, 29.12.1883, § 3-44-1). Son intervention était efficace: trente-sept articles de Poincaré ont paru dans le Bulletin, journal qu’il dirigeait suite à la mort de Tisserand, jusqu’à la fin de sa vie. Avec le journal, Poincaré a repris la chaire universitaire de Tisserand, en abandonnant à Joseph Boussinesq sa propre chaire de physique mathématique et calcul des probabilités. Sur les travaux de Tisserand, voir sa Notice (Tisserand 1878), la nécrologie de Callandreau (1897), et le DSB (Lévy 1976).

Time-stamp: " 4.05.2016 01:34"

Références