1-1-28. Gösta Mittag-Leffler to H. Poincaré
Stockholm 2/3 188311 1 Cette lettre est recopiée par un copiste. Outre l’original, on dispose du brouillon (Brefkoncept 56). La date indiquée est certainement fausse. En effet, Mittag-Leffler fait ici une longue citation d’une lettre de Weiertrass datée du 8 mars 1883. D’autre part, cette lettre répond à une lettre manquante de Poincaré (voir note 2) que Mittag-Leffler date du 16 mars dans son allocution à la conférence des 17 (11 novembre 1912). De plus, la réponse de Poincaré est assez tardive (18 avril 1883 — voir § 29) contrairement à son habitude.
Mon cher ami,
Veuillez agréer mes vifs remerciements pour votre bonne et
aimable lettre et pour les conseils que vous me donnez quant
aux travaux de Cantor.22
2
Cette lettre à laquelle Mittag-Leffler
répond par la présente est manquante. Il semblerait que ce
soit celle dont il cite des extraits dans son allocution à
l’assemblée des 17, le 11 novembre 1912 (IML — Dossier Poincaré).
Des extraits en ont été publiés dans le tome 5 des Cahiers
du séminaire d’histoire des mathématiques (Dugac 1984, 278).
M. Hermite m’a dit aussi que vous avez demandé à M. Cantor
de supprimer dans son mémoire Grundlagen einer allgemeinen
Mannigfaltigkeitslehre toute la partie philosophique et de traduire
en français la partie mathématique. Il me semble que ce qui
rendrait la lecture de la traduction de ce beau mémoire très
pénible aux Français qui ne sont pas familiers avec la culture
allemande, c’est moins la partie philosophique qu’on serait toujours
libre de passer, que le défaut d’exemples un peu concret.s
Ainsi ces nombres de la 2 et surtout de la 3 classe ont
un peu l’air d’une forme sans matière, ce qui répugne à
l’esprit français. Les Allemands, au contraire, connaissent
les travaux antérieurs de M. Cantor et d’autres comprennent
ce qu’il veut dire sans doute avec quelque effort, mais enfin
ils retrouvent sans peine dans leurs connaissances antérieures
une matière pour remplir cette forme vide. Avec le public français,
il n’en est pas de même. Les Français qui sont au courant
de la culture allemande savent l’allemand et préfèreront
lire le mémoire dans le texte. Les autres, je puis vous garantir,
ne comprendront rien du tout à la traduction. Il faudrait pour
la rendre accessible donner quelques exemples précis à la
suite de chaque définition, et puis mettre les définitions
au commencement au lieu de les mettre à la fin. On permettrait
ainsi au lecteur français de comprendre ce beau travail, malgré
l’ignorance où il est des recherches antérieures. (Dugac
1984, 278)
Le mémoire dont parle Poincaré est celui de Cantor, publié
en 1883, intitulé Grundlagen einer allgemeinen Mannigfaltigkeit
(1883b) qui réunit un certain nombre d’articles parus aux
Mathematische Annalen entre 1880 et 1883. La traduction en
français paraîtra aux Acta mathematica en 1883
(Cantor 1883a)
Il semble d’après les lettres de Hermite à Mittag-Leffler
que l’idée de traduire des mémoires importants de mathématiciens
allemands soit due à Hermann, l’éditeur parisien des Acta.
La première allusion à ce projet apparaît dans la lettre
du 11 janvier 1883 :
Je joins à la lettre une note que M. Hermann m’a demandé
de mettre sous vos yeux. Elle répond à un sentiment très
sérieux en France, où réellement on ne sait que le français,
mais je doute que vous puissiez réaliser le vœu qu’elle exprime.
(Dugac 1984, 191)
Mittag-Leffler répond le 19 janvier :
J’ai eu tout le temps la même idée que M. Hermann et j’espère
justement de pouvoir faire des Acta un “dépositaire”
des meilleurs travaux mathématiques de notre temps. Pour arriver
à ce but, je pense pourtant qu’on doit agir un peu autrement
que l’a proposé M. Hermann. D’abord j’ai pensé de reproduire
dans les Acta les meilleurs travaux mathématiques qui paraissent
ailleurs et alors toujours en traduction française. Mais après
j’ai pensé de traduire même les principaux travaux qui paraissent
dans le journal en français et de donner la traduction française
en cadeau aux [illisible] c’est à dire de ne compter ces
traductions parmi les 50 feuilles qui doivent se trouver dans
un volume.
De cette manière je pense arriver au même but auquel vise
M. Hermann. Il n’y a pas de quoi traduire les mémoires français
en allemand parce que les allemands comprennent tous le français. (AS)
Dans une lettre du 26 janvier, le projet de traduire en français
des mémoires rédigés en allemand (en particulier ceux de
Cantor) semble définitivement adopté et Hermite évoque
la question du traducteur et celle de la garantie scientifique
des traductions :
J’ai été informé, [… ], qu’un de ses amis, l’abbé
Dargent, prêtre du séminaire de Saint Sulpice, qui est mon
compatriote lorrain, accepterait volontiers de consacrer à
des traductions en français sa connaissance de l’allemand et
ses connaissances mathématiques, s’il pouvait tirer une suffisante
rémunération de son travail. [… ] En même temps, Appell
me charge de vous dire que les conseils, les indications, dont
les traducteurs pourraient avoir besoin, il les donnera on ne
peut plus volontiers, comme moi ; tous deux et Picard et certainement
aussi Poincaré, nous lirons les traductions, de sorte qu’avant
de les imprimer vous ayez la garantie de l’un de nous.
(Dugac 1984, 193)
Dans sa lettre du 3 février, Hermite annonce à Mittag-Leffler
que Poincaré collaborera à ce projet.
Madame Poincaré, mon cher Ami, s’intéresse extrêmement
à Madame Mittag, à vous, aux Acta ; je l’ai entretenue
du projet de M. Hermann, qui ferait de votre Journal le foyer
des mathématiques européennes, avec la traduction en français
des plus importants travaux publiés en allemand, et de sa part,
en son nom, je viens vous dire que M. Poincaré accueille l’idée,
et accorde son concours, pour lire et revoir les traductions
[… ]. (Dugac 1984, 195)
Le 24 février, Hermite confirme que le travail de traduction
de l’abbé Dargent est commencé :
Les mémoires de M. Cantor, moins le n°1, sont depuis hier
entre les mains de M. Dargent, et je suis heureux de vous apprendre
que leur tournure philosophique ne sera pas un obstacle pour
le traducteur, qui connaît Kant. Je lui ai laissé le choix
de celui qu’il prendrait en premier ; j’espère vous envoyer
bientôt son travail. (Dugac 1984, 199)
Le 5 mars, Hermite envoie une traduction, revue par Poincaré,
d’Une Contribution à la Théorie des Ensembles.
Ce matin, je vous ai fait l’envoi [… ] de la traduction
d’un des mémoires de M. Cantor. Cette traduction a été
revue avec tout le soin possible par M. Poincaré, nous nous
en sommes longtemps entretenus, et vous verrez de quelle manière
nous avons pensé devoir traduire des expressions embarrassantes.
M. Poincaré juge que les lecteurs français seront à peu
près tous absolument réfractaires aux recherches à la fois
philosophiques et mathématiques de M. Cantor, où l’arbitraire
a trop de part, et je ne crois pas qu’il se trompe.
(Dugac 1984, 199)
Je lui écrirai dans le genre indiqué en lui demandant de
donner des exemples à ces théories générales. Permettez-moi
aussi de vous bien remercier de votre obligeance de m’avoir aidé
avec les traductions. J’ai honte d’abuser ainsi de votre temps
qui est si précieux à la science. Mais je me console un peu
de la pensée qu’il n’a pas été entièrement sans intérêt
pour vous de prendre connaissance des recherches de Cantor.33
3
Parlant
de l’aspect mathématique du travail de Cantor, Mittag-Leffler
écrit dans sa lettre du 8 mars 1883 à Hermite :
Je suis persuadé pour ma part que cette partie mathématique
est d’une grande importance et je crois que M. Poincaré lui-même
en tirerait une fois des avantages considérables. Mais nous
verrons ! (Dugac 1984, 276)
Poincaré se servira explicitement de certaines notions
introduites par Cantor pour décrire dans certains cas la ligne
constituée par les sommets des transformés d’ un polygone :
Les sommets des divers polygones R forment eine unendliche
Punktmenge P, et pour obtenir la ligne L, il faut ajouter à
cette Punktmenge son erste Ableitung P’. On voit que la ligne
L est eine perfecte und zusammenhängende Punktmenge. C’est
dans ce sens que c’est une ligne. Mais nous allons voir qu’elle
ne jouit pas de toutes les propriétés que nous sommes habitués
à attribuer aux lignes. (Poincaré 1883a, 285)
Il montre alors que cette ligne n’admet pas de tangente,
du moins au sens classique du terme, et conclut :
J’en ai dit assez, je pense, pour faire comprendre à quel
point la ligne L diffère d’une ligne analytique.
(Poincaré 1883a, 287)
Poincaré était en train de rédiger ce mémoire quand
il fut amené à étudier les travaux de Cantor ; il les a
donc intégrés immédiatement à ses propres recherches.
En même temps, dans sa lettre du 13 avril 1883, Hermite commentait
les travaux de Cantor en des termes extrêmement sévères :
L’impression que nous produisent les mémoires de M. Cantor
est désolante ; leur lecture nous semble à tous un véritable
supplice, et en rendant hommage à son mérite, en reconnaissant
qu’il a ouvert comme un nouveau champ de recherches, personne
de nous n’est tenté de le suivre. Il nous est impossible, parmi
les résultats qui sont susceptibles de compréhension, d’en
voir un seul ayant un intérêt actuel ; la correspondance
entre les points d’une ligne et d’une surface nous laisse absolument
indifférents, et nous pensons que cette remarque, tant qu’on
n’en aura point déduit quelque chose, résulte de considérations
tellement arbitraires, que l’auteur aurait mieux fait de la garder
et d’attendre. (Dugac 1984, 209)
Dans une lettre adressée à Mittag-Leffler et datée
du 6 mai 1884, Picard signale que malgré ses réticences initiales
concernant les travaux de Cantor, il commence à saisir l’importance
pour l’analyse de certains de ses résultats :
Quelques jours avant mon départ pour l’Ecosse, j’ai eu
la visite de M. Cantor ; c’est un bien aimable homme, dont la
conversation m’a extrêmement intéressée. Je vous avoue
qu’au début les spéculations de Cantor m’avaient paru sans
intérêt, si ce n’est au point de vue philosophique ; je commence
à croire maintenant que tout cela pourra avoir des applications
en analyse : quelques uns de ses théorèmes sur les séries
trigonométriques, où il est question de points du premier
genre, m’ont extrêmement frappé. N’allez vous pas aussi publier
bientôt quelque chose sur ces questions, cela va achever de
me convertir aux ensembles de points. (IML)
Dans peu de jours je vous enverrai des tirages à part de votre dernier mémoire.44 4 Poincaré 1883b, 1950, 147–161. J’attends avec impatience votre nouveau mémoire sur les fonctions kleinéennes. 55 5 Poincaré 1883a, 1916, 258–299. Il sera immédiatement mis en œuvre. Quelle drôle d’idée de faire passer vos tirages à part par le Ministre de l’intérieur. Ils ont été envoyés d’ici par / la poste sous votre adresse.
J’ai vu M. Walter Dyck un moment à Leipzig l’été passé. Il ne sera pas le seul des amis de Klein venant vous voir. Vous serez peut-être surpris de retrouver après quelque temps vos idées dans la littérature allemande. Quant à M. Walter Dyck, il a pourtant fait une bonne impression sur moi. Je suis intéressé d’entendre votre opinion de lui.66 6 Dans sa lettre du 13 avril 1883 adressée à Mittag-Leffler, Hermite fait allusion à la visite à Paris de Dyck : J’ai reçu hier [… ] M. Walter Dyck, un élève de M. Klein, privat-docent à Leipzig [… ]. (Dugac 1984, 208) M. Lie a été charmé de faire votre connaissance. Il m’écrit que votre génie lui a beaucoup impressionné quoiqu’il n’ait été en état de vous parfaitement comprendre.
A risque de commettre une indiscrétion je crois devoir vous
communiquer la partie suivante d’une lettre de
M. Weierstrass :77
7
Des extraits de la lettre de Weierstrass à
Mittag-Leffler sur le problème des n corps, datée du 8
mars 1883, sont parus dans l’article de Mittag-Leffler sur la
biographie de Weierstrass. (Mittag-Leffler
1911, 34–36)
Dans cette lettre, Weierstrass explique comment il est venu à
étudier l’équation du problème des n corps par l’étude
des propriétés analytiques des fonctions définies par une équation
différentielle. En appliquant ses méthodes, il conclut, en accord
avec Gyldén, à l’inutilité des méthodes d’approximation fondées
sur la variation des constantes, pour déterminer des solutions de
cette équation. Weierstrass montre que l’on peut développer
analytiquement par rapport au temps les coordonnées du mouvement
dans un certain domaine à la condition que l’on impose des
conditions de stabilité, en particulier, qu’aucun point ne se
rencontre. Il critique alors les travaux de Poincaré en lui
reprochant de ne pas tenir compte de ces conditions de stabilité.
Poincaré répondra dans la lettre suivante qu’il ne développe pas
les coordonnées par rapport au temps mais par rapport à une
variable auxiliaire, fonction
du temps et intégrant ces conditions de stabilité.
“ Es seien die Massen von
n materiellen Punkten,
die Coordinaten von zur Zeit t und es mögen sich die Punkte der folgenden Differentialgleichungen gemäss bewegen
/ in denen F eine analytische Function von bedeutet, welche für alle
reellen Werthe dieser Grösse eindeutig definirt ist und einen
ebenfalls reellen Werth besitzt, der nur dann unendlich gross wird,
wenn zwei der Punkte zusammentreffen (aber auch dann nicht wenn die
Punkte zum Theil oder Cörmlich ? — je ne suis pas certain de ce
mot88
8
[sämtlich] (Mittag-Leffler 1911, 34–36) — sich
ins unendliche entfernen). Angenommen nun, es gehe die Bewegung in der
Art vor sich, dass niemals zwei Punkte zusammentreffen, so sind eindeutige
analytische Functionen von t, nicht bloss für alle reellen
Werthe dieser Grösse, sondern auch für alle complexen, in denen der
zweite Coordinat (der Factor von i) dem absoluten Betrage
nach unter einer gewissen Grenze liegt. Dazu bemerke ich nach
folgendes. Man wird schwerlich a priori die Bedingungen
ermitteln können, die erfüllt sein müssen, damit niemals zwei Punkte
zusammentreffen können, man wird vielmehr dieselben als erfüllt vor- /
-aussetzen müssen und dann giebt das vorstehende Theorem über die
analytische Natur der darzustellenden Functionen in so weit
Aufschluss, dass man auf sie die Ergebnisse der neueren
Functionenlehre anzuwenden im Stande sein wird. Poincaré hat, wie mir
mitgetheilt worden ist,99
9
Weierstrass avait déjà abordé
dans une lettre à Kovalevskaia, datée du 14 juin 1882, les questions
que lui inspirait le travail de Poincaré. A l’époque, Weierstrass
n’avait pas eu communication de la note de Poincaré et devait,
dans cette lettre, faire référence au compte-rendu que lui en
avait fait Kovalevskaia dans une lettre précédente :
Die Abhandlung Poincaré’s über die Differentialgleichungen
kenne ich nicht. Wo steht dieselbe ?
Was endlich die von P[oincaré] angekündigte Integration der
Differentialgleichungen der Mechanik angeht, so kann ich darüber
Folgendes sagen. Ich habe vor zwei Wintern im Seminar etwas über
den Gegenstand vorgetragen und unter anderm folgenden Satz bewiesen:
“Wenn beliebig viele materielle Punkte nach dem Newton’schen
Gesetze - oder irgend einem andern, bei dem an die Stelle von
eine analytische Function von unendlich gross wird
- auf einander wirken, und es sind die Anfangsbedingungen der
Bewegung so beschaffen, dass niemals zwei Punkte zusammentreffen
und auch keine zwei in’s Unendliche sich von einander entfernen,
so sind die Coordinaten der sich bewegenden Punkte analytische
Functionen der Zeit t, eindeutig definirt nicht nur für
alle reellen Werthe dieser Grösse, sondern auch für alle
complexen, deren zweite Coordinate ihrem absoluten Betrage nach
unterhalb einer bestimmten Grenze bleibt.” Der Satz, von
dem nach Appell’s Mittheilung P[oincaré] ausgeht, ist also
nur richtig, wenn die Bedingungen der Stabilität des Systems
erfüllt sind. Die Feststellung dieser Bedingungen ist aber
vielleicht der schwierigste Theil der ganzen Untersuchung. Wenn
z. B. nur zwei Punkte vorhanden sind und zu irgend einer Zeit
die Bewegung eines jeden gegen den andern gerichtet ist, so sind
die Coordinaten nicht Functionen der Zeit von der angegebenen
Beschaffenheit. Wenn P[oincaré] im Stande ist, die Coefficienten
der Reihe, in welche sich die Coordinaten unter Voraussetzung
der Stabilität des Systems entwickeln lassen, wirklich zu bestimmen,
so wäre es immerhin möglich, dass dann die Bedindungen, unter
denen die Reihe convergirt, sich feststellen liessen, diese wären
dann aber die Stabilitäts-Bedingungen. Aber auch dann glaube
ich nicht, dass jene Reihenform den wahren analytischen Charakter
der darzustellenden Functionen ausdrücken werde; dem widerspricht
schon der einfache Fall, in welchen zwei Punkte vorhanden sind
und die Bewegung eines jeden um den gemeinschaftlichen Schwerpunkt
in einer Ellipse erfolgt. (Bölling 1993, 269–271)
das in
Rede stehende Theorem ebenfalls hergeleitet, wenigstens unter
der Voraussetzung des Newtonschen Gesetzes und daraus die Folgerung
gezogen, es sei möglich, die Coordinaten aller Punkte in convergierenden
Reihen von der Form
zu entwickeln, wo eine bestimmte Function von t ist.
1010
10
En fait, les fonctions
avec lesquelles Poincaré exprime les solutions de l’équation
différentielle ne dépendent pas du temps mais d’une variable
intermédiaire (voir 29) :
[… ] j’ai seulement reconnu que l’on peut, d’une infinité
de manières, exprimer ces intégrales [des équations non
linéaires] par des séries qui convergent pour toutes les
valeurs réelles de la variable. Voici comment j’ai opéré :
Je mets les équations différentielles sous la forme
les étant des polynômes entiers par rapport aux variables x.
Cela est toujours possible. J’introduis ensuite une variable
auxiliaire s définie par l’équation
Je puis alors démontrer que si a est convenablement choisi,
les variables x peuvent se développer suivant les puissances
croissantes de
et que les développements restent valables pour toutes les
valeurs réelles de s. (Poincaré 1921, 51)
Poincaré développe cette analyse dans une note aux Comptes
rendus datée du 17 février 1882 (Poincaré 1882,
1928, 162–163) et dans
la quatrième partie de son mémoire Sur les courbes définies
par une équation différentielle (Poincaré 1886,
1928, 167–222). En particulier,
il signale que ses développements sont valables pour toutes
les valeurs du temps puisque, d’après ses hypothèses, un
point mobile ne peut atteindre un point singulier que pour des
valeurs infinies de s :
Parmi les équations auxquelles on pourrait être tenté
d’appliquer la méthode précédente, on peut citer les équations
du problème des trois corps, auxquelles elle est effectivement
applicable.
Les développements ordonnés suivant les puissances croissantes
de
seront alors valables pour toutes les valeurs du temps.
Il y aurait exception seulement si les données initiales étaient
telles que deux des trois corps vinssent à se choquer au bout
d’un temps fini ; il arriverait alors en effet que s deviendrai
infini à l’époque du choc. Les formules ne seraient donc
valables que jusqu’à l’époque du choc ; mais il est évident
que pour des époques postérieures au choc, le problème
est illusoire.
Soit maintenant t le temps (il s’agit ici du temps véritable
et non du temps auxiliaire) [… ]. Si l’on était sûr à
l’avance que la distance de deux quelconques des trois corps
restera toujours supérieure à une limite donnée (elle peut
d’ailleurs croître indéfiniment), on pourrait affirmer que
les coordonnées des trois corps peuvent être développées
suivant les puissances de
en séries toujours convergentes.
Je ne crois pas toutefois qu’on puisse tirer grand parti des
applications de cette méthode à la Mécanique céleste.
(1886, 188)
Dies ist leicht einzusehen. Der Bereich der
Grösse t, in dem die Coordinaten eindeutige Functionen
sind, ist ein Parallelstreifen, der die Linie des reellen Werthes
von t in sich fasst, diesen Streifen kann man auf einem Kreis
abbilden, wodurch sich die / Function ergiebt. Aber man erhält auf diese Weise nicht Aufschluss
darüber, ob die gemachte Voraussetzung erfüllt ist oder nicht,
und es ist auch die Form, in der sich die Ausdrücke der Coordinaten
darstellen, nicht die der Natur der zu beschreibenden Bewegungen
angemessen. Ich selbst habe über das Problem mancherlei Speculationen
angestellt, deren Ergebnisse jedoch mich noch nicht befriedigen.”
Qu’est-ce-que vous pensez de tout cela ? Je serais on ne peut plus intéressé d’entendre votre opinion là-dessus.1111 11 Dans sa lettre du 13 avril 1893, Hermite évoque avec Mittag-Leffler l’intention de Poincaré de répondre directement à Weierstrass : M. Poincaré est dans l’intention d’écrire à M. Weierstrass au sujet de l’introduction de sa nouvelle variable s, qui n’est aucunement le temps t, mais qui varie dans le même sens que t de dans le problème des trois corps. (Dugac 1984, 212) D’autre part, dans sa lettre datée du 11 mai 1883 (Brefkoncept 76 — IML), Mittag-Leffler communique à Weierstrass la réponse de Poincaré et cite sa lettre (§ 29) de “Il est bien clair [… ]” à “[… ] je crois qu’il y a mieux à trouver”.
M. Weierstrass me parle aussi de votre mémoire dans le premier cahier des Acta. Il en est très intéressé et attend “mit Spannung” la continuation de vos articles.1212 12 Weiertrass écrit le 8 mars 1883 à Mittag-Leffler : Die Poincaré’sche Abhandlung in den Actis habe ich mit grossem Interesse gelesen. Die Darstellung freilich lässt noch vieles zu wünschen übrig und muss wesentlich vereinfacht werden, wenn sich die Mathematiker mit den neuen Untersuchungen Poincaré’s befreunden sollen, deren weiteren Entwicklung ich mit Spannung entgegensehe. (IML)
M Mittag-Leffler me charge de la rappeler au bon souvenir de M Poincaré, je vous prie de vouloir bien lui présenter mes / respects et d’agréer vous-même l’expression de la sincère amitié de votre tout dévoué
Mittag Leffler
ALS 6p. Mittag-Leffler Archives, Djursholm.
Références
- Œuvres d’Henri Poincaré, Volume 1. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: footnote 10.
- Briefwechsel zwischen Karl Weierstrass und Sofia Kowalewskaja. Akademie Verlag, Berlin. Cited by: footnote 9.
- Fondements d’une théorie générale des ensembles. Acta mathematica 2, pp. 381–408. External Links: Link Cited by: footnote 2.
- Grundlagen einer allgemeinen Mannigfaltigkeitslehre. Teubner, Leibzig. Cited by: footnote 2.
- Œuvres d’Henri Poincaré, Volume 2. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: footnote 5.
- Lettres de Charles Hermite à Gösta Mittag-Leffler (1874–1883). Cahiers du séminaire d’histoire des mathématiques 5, pp. 49–285. External Links: Link Cited by: footnote 11, footnote 2, footnote 3, footnote 6.
- Zur Biographie von Weierstrass. Acta mathematica 35, pp. 29–65. External Links: Link Cited by: footnote 7, footnote 8.
- Sur l’intégration des équations différentielles par les séries. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris 94, pp. 577–578. External Links: Link Cited by: footnote 10.
- Mémoire sur les groupes kleinéens. Acta mathematica 3, pp. 49–92. External Links: Link Cited by: footnote 3, footnote 5.
- Sur les fonctions de deux variables. Acta mathematica 2, pp. 97–113. External Links: Link Cited by: footnote 4.
- Sur les courbes définies par les équations différentielles. Journal de mathématiques pures et appliquées 2, pp. 151–217. External Links: Link Cited by: footnote 10.
- Analyse des travaux scientifiques de Henri Poincaré faite par lui-même. Acta mathematica 38, pp. 1–135. External Links: Link Cited by: footnote 10.
- Œuvres d’Henri Poincaré, Volume 4. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: footnote 4.