H. Poincaré: Rapport sur la thèse de Perchot

25 novembre 1892

Le travail de M. Perchot se divise en deux parties bien distinctes.11 1 Perchot 1892. La première a pour objet l’étude des grandes inégalités périodique du mouvement du périgée et du nœud de la lune. Pour en obtenir les coefficients, l’auteur fait usage de la théorie des solutions périodiques en profitant de la quasi-commensurabilité des moyens mouvements du noeud et du périgée. Il commence par mettre les équations du mouvement sous la forme canonique. La fonction perturbatrice dépend alors des éléments du Soleil et des six éléments lunaires. M. Perchot regarde le grand axe de l’orbite lunaire comme constant et remplace les éléments du Soleil et l’anomalie moyenne de la Lune par leurs valeurs déduites des observations. Il n’a plus alors comme variables que le temps et quatre des éléments lunaire. Par un artifice ingénieux, l’auteur ramène encore une fois les équations à la forme canonique de manière à pouvoir leur appliquer les méthodes connues.

Vient ensuite une discussion destinée à reconnaître quels sont les termes que l’on dit conserver dans la fonction perturbatrice ; M. Perchot veut pousser l’approximation jusqu’au 5e ordre et déterminer les inégalités qui ont même période que l’évection [sic], la variation et l’équation annuelle. Je signalerai à la fin de cette discussion un résultat très curieux. L’inégalité produite par les termes +i ( est l’anomalie moyenne de la Lune et du Soleil), et celle qui est produite par le terme en -i est d’ordre i, mais la somme algébrique est beaucoup plus petite et d’ordre i+2.

M. Perchot arrive pour les coefficients des inégalités qu’il considère à des valeurs peu différentes de celles que donnent les autres méthodes ; remarquons toutefois que dans la solution périodique qu’il est conduit à envisager, l’inclinaison est notablement plus grande que celle de la véritable orbite lunaire.

La seconde partie de sa thèse a pour objet l’étude de l’équation dont dépendent les variations séculaires des inclinaisons et des excentricités des planètes. L’auteur lui applique la méthode des invariants intégraux et parvient ainsi à des résultats intéressants au point de vue de la stabilité du système solaire.

M. Perchot dans le chapitre suivant de sa thèse, cherche une limite inférieure du rayon de convergence des séries obtenues en développant suivant les puissances croissantes les intégrales des équations auxquelles satisfont les variations séculaires des éléments des planètes. Pour cela il lui fallait connaître d’abord les conditions de convergence du développement de la fonction perturbatrice suivant les puissances des excentricités et des inclinaisons. Cette question exigeait une connaissance sérieuse de la théorie générale des fonctions et présentait des difficultés dont l’auteur s’est heureusement tiré en s’aidant d’un mémoire peu connu de Cauchy.

Ce travail nous paraît dénoter de solides qualités d’esprit et nous sommes d’avis qu’il y a lieu d’autoriser M. Perchot à imprimer sa thèse et à la soutenir.

Poincaré

Tisserand

Appell

M. Perchot avait, comme seconde thèse, à étudier l’important Mémoire de M. Poincaré sur le Problème des trois corps. La soutenance a montré qu’il possédait bien tout ce qui se rapporte à cette question, l’une des plus difficiles de la Mécanique Céleste.22 2 Poincaré 1890. Un compte-rendu par Perchot du premier tome des Méthodes nouvelles de la mécanique céleste sera publié à la fin des années 1890; voir Perchot 1899. La Faculté lui a conféré le grade de docteur avec toutes boules blanches.

Tisserand

ADS. AJ/16/5535, Archives nationales françaises.

Time-stamp: " 8.05.2015 17:02"

Références

  • J. Perchot (1892) Sur les mouvements des noeuds et du périgée de la lune et sur les variations séculaires des excentricités et des inclinaisons . Ph.D. Thesis, Faculté des sciences de Paris, Paris. Cited by: footnote 1.
  • J. Perchot (1899) H. Poincaré, Les nouvelles méthodes de la mécanique céleste, t. 1. Bulletin des sciences mathématiques 23, pp. 213–242, 245–260. Cited by: footnote 2.
  • H. Poincaré (1890) Sur le problème des trois corps et les équations de la dynamique. Acta mathematica 13, pp. 1–270. External Links: Link Cited by: footnote 2.