Sully Prudhomme to H. Poincaré

[Avant 1887]

Monsieur,

Je m’intéresse beaucoup au jeune Maurice Chassang qui se présente au baccalauréat ès-sciences. C’est aujourd’hui même qu’il passe l’examen écrit, et demain qu’il passera l’oral. Vous êtes, me dit-on, l’un de ses examinateurs. Je m’étais imaginé sur la foi de votre réputation que vous étiez de l’Institut, et je pensais pouvoir m’autoriser auprès de vous du titre de confrère pour le recommander à votre bienveillance. L’annuaire de l’Institut, que je viens de consulter, m’a causé une surprise et une déception. Permettez-moi cependant, Monsieur, d’escompter, dès aujourd’hui, la faveur d’une confraternité qui ne saurait tarder, pour vous prier de vouloir bien prendre en considération la prodigieuse timidité de ce collégien. Il est bachelier ès-lettres et voudrait entrer à l’École polytechnique; c’est un garçon extrêmement studieux. Si votre accueil le rassure, il vous montrera ce qu’il sait et j’espère que vous en serez satisfait.

Pardonnez-moi, Monsieur, une importunité dont j’ai trop conscience et veuillez agréer l’expression de mes sentiments les plus distingués.

Sully Prudhomme

de l’Académie française.

ALS 3p. Collection particulière, Paris 75017.

Time-stamp: "25.05.2014 01:05"