1-1-64. Gösta Mittag-Leffler to H. Poincaré
Stockholm 17/11 1887 11 1 Cette lettre est recopiée par un copiste. Outre l’original, on dispose du brouillon (Brefkoncept 1006).
Mon cher ami,
Mille fois merci de l’envoi que j’ai reçu de vous aujourd’hui
votre mémoire sur les fonctions fuchsiennes22
2
Poincaré
1887;
Darboux et al., dirs, 1916, 463–511.
et l’arithmétique et votre notice sur vos travaux
scientifiques de l’année 1886.33
3
Poincaré 1886.
Votre mémoire sur les fonctions fuchsiennes et l’arithmétique
montre bien que vous seriez en état de répondre aussi à
notre question de prix n°4,44
4
Voir
§ 1-1-58,
notes.Dans son article Sur les fonctions fuchsiennes et l’arithmétique
(Poincaré 1887;
Darboux et al. 1916, 463–511),
Poincaré définit la notion de
fonction fuchsienne
arithmétique. Il fait correspondre à un groupe de transformations
linéaires à coefficients entiers qui laissent invariante
une forme quadratique donnée un groupe fuchsien et par conséquent
un système de fonctions fuchsiennes qui “pourront s’appeler
fonctions fuchsiennes arithmétiques”. Poincaré obtient par
l’intermédiaire de ces groupes une classification des formes
quadratiques, puis, un théorème généralisant le théorème
d’addition des fonctions elliptiques qui est la “propriété
des fonctions elliptiques qui ne s’étend pas immédiatement
aux fonctions fuchsiennes ordinaires” :
Les fonctions fuchsiennes arithmétiques jouissent donc, comme
la fonction modulaire, de la propriété qui nous occupe. La
fonction modulaire n’en est d’ailleurs qu’un cas particulier
et on l’obtient en prenant, pour la forme quadratique ,
Ainsi, il y a une propriété que l’on peut regarder comme
la généralisation du théorème d’addition, si l’on regarde
les fonctions fuchsiennes comme la généralisation des fonctions
elliptiques, mais que l’on peut aussi regarder comme la généralisation
de la transformation, si l’on regarde les fonctions fuchsiennes
comme la généralisation de la fonction modulaire.
Cette propriété n’appartient pas en général à toutes
les fonctions fuchsiennes ; mais elle appartient aux fonctions
fuchsiennes arithmétiques.
Cela peut faire concevoir l’espoir que ces transcendantes arithmétiques
rendront, dans la théorie de certaines classes d’équations
algébriques, des services analogues à ceux qu’a rendus la
fonction modulaire dans l’étude de l’équation du cinquième
degré. (Darboux et al., dirs, 1916, 511)
Hermite exprime son opinion sur cet article de Poincaré
dans une lettre adressée à Mittag-Leffler datée du 15 octobre
1887 (voir § 1-1-59,
notes).
la même qui a été attaquée
d’une manière si amène par M. Kronecker.55
5
La polémique datait
du mois de juillet 1885. Kronecker, mécontent de ne pas faire partie
de la commission du prix, exprime violemment son ressentiment
dans une lettre adressée à Mittag-Leffler et datée du 29
juillet 1885. En particulier, il considère comme un scandale
sans précédent (“Anomalie ohne Gleichen”) que l’on ait pu
poser une question concernant l’arithmétique sans le consulter,
ni même, citer ses travaux (en particulier son mémoire rédigé
à l’occasion du jubilé de Kummer
(Kronecker 1882,
Hensel 1897, 237–388). La question
n°1 et ses allusions aux travaux de Dirichlet (voir § 1-1-58,
notes, et § 1-1-59,
notes) feront aussi l’objet de ses violentes critiques.
Dans sa lettre à Kovalevskaia datée du 22 septembre 1885,
Weierstrass les évoque au sujet des questions n°1 et 4 :
Eine Kritik des Inhalts der Fragen können wir ruhig abwarten.
Was Kr[onecker] gegen Nr. 4 und in einem neuen Briefe an M[ittag-]L[effler]
jetzt auch gegen Nr.1 einwendet, ist durchhaus unberechtigt und
compromittirt ihn eigentlich. Denn, wenn ihm jetzt die Ansicht
des Verfassers Nr 1 über die von Dirichlet vielleicht befolgte
Methode ein “Lächeln” abnöthigt, da er ganz
genau weiss, wie Dirichlet verfahren, so hat er ein schweres
Unrecht gegen die Wissenschaft begangen, dass er 27 Jahre lang
nach D[irichlet] ’s Tode der Welt sein besseres Wissen vorenthalten
hat und selbst seinem Freunde Kummer für die Gedächtnissrede
nur die dürftigen Notizen, aus denen bis jetzt Niemand hat
etwas machen können, mitgetheilt hat. Aber es ist nicht wahr,
was er sagt, er weiss von der Sache nicht mehr als er gleich
mitgetheilt hat. (Bölling 1993, 347)
Cette polémique n’était pas seulement épistolaire mais
faisait rage dans les congrès :
Au congrès [des naturalistes allemands — Berlin-1886], M. Kronecker
faisait une attaque qui n’était motivée de rien contre la
première question du prix du roi de Suède. Il prétendait
que Dirichlet était mal cité et il disait qu’il voulait publier
quelque chose là-dessus. Mais comme il a dit la même chose
pendant toute une année sans pourtant rien faire, je suppose
que cette publication ne viendra jamais. Tout le monde savait
que la question était de Weierstrass et l’attaque de M. Kronecker
n’a pas fait une bonne impression, je vous assure, surtout comme
il ne pouvait pas expliquer en quoi Dirichlet était mal cité.
(Lettre de Mittag-Leffler à Hermite datée du 7 octobre 1886
— AS)
La supposition de Mittag-Leffler était fausse puisque Kronecker
publiera une note sur cette question (Kronecker 1888;
Hensel 1930, 471–476) dans laquelle
il précisera les circonstances dans lesquelles Dirichlet lui
a fait ces confidences. Selon lui, il s’ensuit qu’il faut distinguer
deux questions, celle de la stabilité du système solaire
et celle de la solution générale du problème de la mécanique.
La première était selon Kronecker déjà résolue dans
l’esprit de Dirichlet et prête à être publiée. Quant
à la seconde, Dirichlet se proposait d’abandonner les méthodes
classiques et d’exprimer les solutions des équations de la
mécanique non plus par des quadratures ou des développements
en série mais par des techniques utilisant la théorie du
potentiel. De toute manière, selon Kronecker, on ne peut en
aucun cas interpréter les derniers travaux de Dirichlet comme
des indices favorables quant à la résolution de la question
n°1 :
Die der Zeitfolge nach erste Mittheilung Dirichlet’s betraf seinen
Beweis für die Stabilität des Weltsystems. Sie war, bei aller
Betonnung der Wichtigkeit der Sache, gewissermassen anspruchslos
gehalten, und ich hatte den Eindruck, dass Dirichlet durch Aufsuchung
der eigentlichen Quellen der Erkenntniss, ähnlich wie in seinem
klassischen Aufsatze über die Stabilität des Gleichgewichts,
den Beweis in grossartiger Einfachheit und Übersichtlichkeit
erlangt und im Kopfe fertig hatte, und dass er ihn bald zu veröffentlichen
gedacht.
Die Mittheilung, betreffend die Entdeckung einer neuen allgemeinen
Methode der Behandlung und Auflösung der Probleme der Mechanik,
erfolgte an einem anderen Tage auf einem Spaziergange, fast in
der Form einer feierlichen Eröffnung. Dirichlet begann damit,
mir vorläufig Stillschweigen über das, was er mir nun mittheilen
würde, aufzuzerlegen, und am Schlusse schien es mir, als ob
er die Verröffentlichung dieser seiner Entdeckung, welche wohl
auch noch grossen Aufwand an Zeit erfordert hätte, nicht unmittelbar
in Aussicht nähme. In seinen Aeusserungen über die von ihm
angewandete Methode betonte er wiederholt, dass sie nicht durch
Quadraturen, nicht durch Reihen ein fertiges Resultat liefere,
sondern dass sie in einem “Verfahren” bestehe, mittels
dessen man eine stufenweise Annäherung an das gesuchte Resultat
erlange. [… ] Die Äusserungen, welche Dirichlet mir gegenüber
gethan hat, können auch nicht, wie es in der erwähnten Publication
geschieht, als Beleg für diejenige Art der Lösbarkeit der
Aufgabe geltend gemacht werden, welche dort eben auf Grund der
Dirichlet’schen Mittheilungen als möglich und jetzt erreichbar
bezeichnet wird. Denn Dirichlet hat mir ausdrücklich erklärt,
dass er die Lösung nicht in der Form von Reihen erhalten habe.
Dabei hat er wohl, indem er sein « Verfahren » und die Entwicklung
in Reihen in Gegensatz stellte, den Ausdruck “Reihe” nur im
gewöhnlichen Sinne einer nach bekannten Functionen fortschreitenden
Reihe genommen. Denn als “Reihe” im allgemeineren Sinne lässt
sich auch das Resultat jedes “Verfahrens” auffassen.
Dirichlet hatte unmittelbar, ehe er mir die Eröffnung bezüglich
seiner neuen Methode der Behandlung von Problemen der Mechanik
machte, über seine vielfach Beschäftigung mit der Potentialtheorie
gesprochen, und ich habe den Eindruck bekommen, als ob auch ein
innerer Zusammenhang zwischen seinen Untersuchungen über diese
Theorie und jenen Gedanken über die Behandlung mechanischer
Probleme bestände. (Kronecker, in Hensel 1930, 475–476)
Cette polémique était aussi une occasion, s’il en était
besoin, d’aviver les antagonismes entre les mathématiciens
allemands. Weierstrass, dans une lettre adressée à Mittag-Leffler
le 23 mai 1888, réagissait avec vigueur à la note de Kronecker
et se proposait de lui répondre en quatre points :
1. Dass es möglich sei, die Coordinaten beliebig vieler, dem
Newton’schen Gesetzte gemäss sich bewegender materieller Punkte
als Functionen der Zeit unter der gemachten Voraussetzung in
Reihen von der in der Preisfrage geforderten Form und Beschaffenheit
zu entwickeln lässt sich strenge beweisen. Ich habe dies bereits
vor 10 Jahren in einem Seminarvortrage gethan, und zu demselben
Resultat ist noch Hr. Poincaré gekommen.
2. Wenn Dirichlets Untersuchungen, auf das Problem der
Körper angewandt, ihn in der That auf ein Annänerungsverfahren
geführt haben, das zu leisten vermochte, was Kummer in der
Gedächtnissrede darüber sagt — woran ich meinerseits nicht
zweifele — so würden sich aus dem Resultate dieses Verfahrens
unmittelbar Reihen von der geforderten Form ergeben, so dass
man durchaus berechtigt ist, die Ergebnisse der Dirichletschen
Untersuchungen als thatsächlichen Beweis dafür anzuführen,
dass die Herstellung jener Reihen nicht nur möglich, sondern
auch mit den jetzigen Hülfsmitteln ausführbar sei.
3. Ich halte fest daran, aus innern und äussern Gründen,
dass zwischen der von Dirichlet zur Integration der dynamischen
Differenzialgleichungen angewandten allgemeinen Methode und dem
von ihm gelieferten Beweis für die Stabilität des Planetensystems
ein Zusammenhang stattgefunden. Dagegen spricht weder der Umstand,
dass Dirichlet Herrn Kronecker zuerst von dem genannten Beweise
und dann erst “zu einem ganz anderen Zeitpunkte”, d. h. in Wirklichkeit
einen oder zwei Tage später von seinen allgemeineren, auf die
Probleme der Mechanik sich beziehenden Untersuchungen Mittheilungen
gemacht hat, noch auch die Versicherung Kr[onecker]’s, dass die
erste Mittheilung “anspruchlos gehalten”, die andere “fast in
der Form einer feierlichen Eröffnung” erfolgt sei. Nur das
Eine ergiebt sich aus Kr[onecker]’s jetzigen Angaben, dass Dirichlet
den Stabilitätsbeweis bereits im Wesentlichen fertig gehabt
hat, während die andere Untersuchung noch nicht zu Ende geführt
war. Aus der Kummerschen Gedächtnissrede war dies nicht zu
entnehmen; es steht darin kein Wort darüber, ob die eine oder
die andere Dirichletsche Entdeckung die früher gemachte sei,
ja es blieb zweifelhaft, ob D[irichlet] von einem Stabilitätsbeweise
überhaupt mit Kr[onecker] gesprochen habe. Diese Unklarheit
in der Kummer’schen Darstellung der Sache ist aber, wie Herr
K[ummer] uns jetzt mit grosser Naivität sagt, absichtlich von
ihm herbeigeführt worden, da er statt sich auf die Rolle eines
treuen Berichterstatters zu beschräncken, aus mir nicht erklärbaren
Gründen von vorn herein beflissen gewesen ist, jene beiden
Entdeckungen auseinander zu halten und nicht zuzugeben, dass
die Prinzipien, welche Dirichlet zur Lösung der Probleme der
Mechanik im allgemeinen geführt haben, von ihm auch zur Beantwortung
aller damit in Verbindung stehenden Fragen hätten angewandt
werden können.
4. Die einzige nach Kr[onecker]’s jetziger Darstellung der Sache
unzweifelhaft irrige Angabe in der von mir der Preisfrage beigefügten
Erläuterungen besteht also darin, dass Dirichlet Herrn Kronecker
mitgetheilt habe, er sei durch seine Integrations-Methode zu
dem Stabiltätsbeweise gelangt. Wurden aus dem betr. Passus
die Worte “durch diese Methode” weggelassen, so würde alles
durchaus correct sein.
Uebrigens ist für die Absicht, in welcher in den genannten
Erläuterungen auf Dirichlets Untersuchungen hingewiesen worden,
der von mir begangene Irrthum ganz bedeutungslos. Die Thatsache,
dass in einem Systeme beliebig vieler Körper, die nach dem
Newton’schen Gesetze einander anziehen, eine Stabilität der
Bewegung möglich ist, so dass der Abstand je zweier Körper
weder jemals unendlich klein noch jemals unendlich gross werden
kann, musste angeführt werden, da die Kenntniss dieser Thatsache
einem Bearbeiter der gestellen Preisfrage möglicherweise von
grossen Nutzen sein konnte; auf welche Weise oder zu welcher
Zeit aber Dirichlet dieselbe erkannt habe, war dabei sehr gleichgültig. (IML)
Par ailleurs, un autre point avait irrité Kronecker. Les
mémoires récompensés devaient être publiés aux Acta
mathematica contrairement à la tradition qui laissait les lauréats
d’un prix libres de publier leur mémoires dans la revue de
leur choix. Cette publicité indirecte pour les Acta heurtait
donc diverses susceptibilités dont celle de Kronecker, codirecteur
(avec Weierstrass) du Journal für die reine und angewandte
Mathematik. Même Weierstrass avait trouvé choquant ce point
dans sa lettre adressée à Kovalevskaia le 22 septembre 1885 :
In dem Programm der Preisfrage ist ein schwacher Punkt, den ich
argloser Mensch, was ich sehr bedauere, übersehen habe, gegen
den sich aber unzweifelhaft der Hauptangriff (der vorbereitet
wird) richten wird. Das ist die Bestimmung “die gekrönte Preissschrift
wird durch die Acta publicirt werden”. Dies verstösst gegen
den Brauch — es wird fast überall dem Verfasser einer Preissschrift
überlassen, in welcher Weise er die Arbeit veröffentlichen
will. Jetzt heisst es, man sieht aus dieser Bestimmung, dass
die Stellung der Preisfragen keinen andern Zweck hat als Reclame
für die Acta zu machen. (Bölling 1993, 347)
Hermite avait tenté et réussi momentanément d’apaiser
les passions concernant la question n°4 :
[… ] j’ai reçu de M. Kronecker l’assurance des dispositions
les meilleures à votre égard, avec mission expresse de vous
écrire afin de vous en informer. Je la complète en même
temps, en vous donnant communication d’une lettre de lui qui
vous fera connaître et apprécier mieux que tout ce que je
pourrai vous écrire dans quelles conditions amicales a été
entre nous traitée la question source de tant de difficultés
et d’amertume, la question n°4. Après en avoir revendiqué
l’entière et complète responsabilité, et expliqué ensuite
que j’avais eu M. Poincaré en vue, et que mon intention avait
été de provoquer du jeune et brillant géomètre un effort
sur un point spécial, une étude sur une seule et unique des
nouvelles fonctions dont il a obtenu la conception générale,
qui semble extrêmement désirable, pour qu’on puisse mieux
comprendre et juger la valeur analytique de cette conception,
et éloigner l’impression de vague qu’on ressent à cause de
sa grande étendue, j’ai vu M. Kronecker, qui m’écoutait attentivement,
me témoigner de la façon la plus vive qu’il comprenait mes
raisons et leur donnait le plus complet acquiescement. Ou je
me suis abusé en me faisant illusion et commettant la plus
étrange erreur, ou bien j’ai réussi à ramener M. Kronecker
à ma manière de voir, qui est la vôtre ; [… ]. (Lettre
de Hermite à Mittag-Leffler datée du 11 septembre 1885 —
Dugac 1985, 110)
J’espère que nous aurons de vous une réponse de
même à cette question.
J’ai une demande à vous faire. Possédez-vous un tirage à part de votre mémoire “Note sur les propriétés des fonctions définies par les équations différentielles” Journal de l’école polytechnique Cahier 45.66 6 Poincaré 1878; Appell & Drach, dirs, 1928, XXXVI–XLVIII. Vous m’obligeriez infiniment en m’envoyant un tel tirage à part. Nous sommes très intéressés maintenant ici à Stockholm de vos mémoires dans ce genre. Madame Kowalevski fait un cours là-dessus.
Je trouve dans votre notice sur vos travaux scientifiques que
vous êtes parvenus à démontrer que les équations de M. Fuchs
se ramènent aux classes déjà connues d’équations intégrables,
même lorsqu’elles sont d’ordre supérieur.77
7
Poincaré indique ce résultat à la fin d’une note aux Comptes rendus
consacrée à l’étude du groupe des transformations d’une
surfaces en elle-même :
M. Fuchs a cherché les conditions pour que l’intégrale générale
d’une équation différentielle n’ait qu’un nombre fini de
points singuliers. J’ai fait voir que, pour une équation du
premier ordre, ces conditions ne peuvent être remplies que
si l’équation peut être ramenée aux équations linéaires ;
ou bien est intégrable, soit algébriquement, soit par quadratures.
Ce qui précède montre qu’il en est encore de même pour
les équations d’ordre supérieur.
(Garnier & Leray 1953, 4)
Les résultats évoqués par Poincaré sont incomplets
pour les équations du premier ordre (voir § 1-1-44,
note n°2)
et les travaux de Painlevé montrent qu’ils sont complétement
faux pour les équations d’ordre supérieur. On peut consulter,
à ce sujet les notes de Jules Drach dans le tome 3 des Œuvres
de Poincaré (Drach 1934, 583–591).
Poincaré, dans la version définitive de l’analyse de ses
travaux, revient sur son affirmation :
M. Fuchs a publié, dans les Sitzungsberichte de l’Académie,
un Mémoire où il expose les conditions nécessaires et suffisantes
pour qu’une équation différentielle et en particulier, pour
qu’une équation du premier ordre n’ait qu’un nombre fini de
points singuliers. On put croire un instant que l’on était
sur la voie d’une nouvelle catégorie de transcendantes uniformes
et d’une nouvelle classe d’équations intégrables.
Je fus donc amené à faire un examen plus approfondi de la
question ; mais cet examen m’obligea à renoncer à l’espoir
que j’avais conçu. Les équations du premier ordre qui satisfont
aux conditions de M. Fuchs, ou bien se ramènent à l’équation
de Riccati et par elle aux équations linéaires, ou bien sont
intégrables par les fonctions elliptiques ou algébriques.
On n’est donc jamais conduit à une classe réellement nouvelle
d’équations intégrables. M. Painlevé a été plus heureux
en passant aux équations d’ordre supérieur.
Quoi qu’il en soit, le résultat de M. Fuchs conserve encore
son intérêt, puisqu’il nous fait connaître une catégorie
d’équations différentielles intégrables algébriquement.
Mais en tout cas, le problème de l’intégration des équations
non linéaires ne peut être regardé comme résolu.
(Poincaré 1921, 52)
Quand vous aurez une fois le temps de rédiger un mémoire sur cette question j’espère que vous vouliez bien l’envoyer aux Acta Mathematica.
Veuillez bien, mon cher ami, nous rappeler ma femme et moi au bon souvenir de Madame Poincaré, et agréez vous-même l’expression de l’affection sincère de
Votre ami dévoué
G. Mittag-Leffler
ALS 2p. Mittag-Leffler Archives, Djursholm.
Time-stamp: "29.07.2018 18:51"
Références
- Œuvres d’Henri Poincaré, Volume 1. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: footnote 6.
- Briefwechsel zwischen Karl Weierstrass und Sofia Kowalewskaja. Akademie Verlag, Berlin. Cited by: footnote 5.
- Œuvres d’Henri Poincaré, Volume 2. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: footnote 2, footnote 4.
- Œuvres d’Henri Poincaré, Volume 3. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: footnote 7.
- Lettres de Charles Hermite à Gösta Mittag-Leffler (1884–1891). Cahiers du séminaire d’histoire des mathématiques 6, pp. 79–217. External Links: Link Cited by: footnote 5.
- Œuvres d’Henri Poincaré, Volume 6. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: footnote 7.
- Leopold Kronecker’s Werke, Volume 2. Teubner, Leipzig/Berlin. External Links: Link Cited by: footnote 5.
- Leopold Kronecker’s Werke, Volume 5. Teubner, Leipzig. External Links: Link Cited by: footnote 5.
- Grundzüge einer arithmetischen Theorie der algebraischen Grössen. Journal für die reine und angewandte Mathematik 92, pp. 1–122. External Links: Link Cited by: footnote 5.
- Bemerkungen über Dirichlet’s letzte Arbeiten. Sitzungsberichte der Königlich Preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, pp. 439–447. External Links: Link Cited by: footnote 5.
- Note sur les propriétés des fonctions définies par les équations différentielles. Journal de l’École polytechnique 45, pp. 13–26. External Links: Link Cited by: footnote 6.
- Notice sur les travaux scientifiques de Henri Poincaré. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: footnote 3.
- Les fonctions fuchsiennes et l’arithmétique. Journal de mathématiques pures et appliquées 3, pp. 405–464. External Links: Link Cited by: footnote 2, footnote 4.
- Analyse des travaux scientifiques de Henri Poincaré faite par lui-même. Acta mathematica 38, pp. 1–135. External Links: Link Cited by: footnote 7.