1-1-169. H. Poincaré to Gösta Mittag-Leffler
[22/11/1900] 11 1 Date du cachet de la poste de Paris. Paris 22 novembre — Djursholm-25 novembre.
Mon cher ami,
On va mettre sous presse les Comptes Rendus des travaux du
congrès des Mathématiciens ; on commencera naturellement
par les conférences.22
2
Poincaré ne parle pas encore
de la conférence programmatique de Hilbert Sur les problèmes
futurs des mathématiques (1902). En effet, celle-ci
n’était à l’origine qu’une communication et ne sera insérée comme
conférence qu’ultérieurement “en raison de sa grande importance”
(Comptes rendus du deuxième Congrès international des
mathématiciens — Paris 1900, p. 24).. Celles de
MM. Cantor33
3
Cantor M. 1902.
Dans sa conférence, Moritz Cantor fait le point sur l’histoire
des mathématiques. et Volterra44
4
Volterra 1902.
Dans cette conférence, Volterra analyse les travaux de Betti,
Brioschi et Casorati. et la mienne55
5
Poincaré 1902.
Poincaré analyse les rôles de l’analyse et de la logique
dans les mathématiques. Il commence par distinguer deux types
de mathématiciens : les analystes ou logiciens comme Weierstrass,
et les géomètres ou intuitifs comme Riemann. Le plus souvent,
les seconds font apparaître de nouvelles voies, mais “l’intuition
ne peut nous donner la rigueur, ni même la certitude”. L’intuition
peut même être trompeuse et il est nécessaire d’introduire
de la rigueur dans les définitions des objets mathématiques
et par là dans les raisonnements :
Longtemps les objets dont s’occupent les mathématiciens
étaient pour la plupart mal définis ; on croyait les connaître
parce qu’on se les représentait avec les sens ou l’imagination ;
mais on n’en avait qu’une image grossière et non une idée
précise sur laquelle le raisonnement pût avoir prise.
C’est là d’abord que les logiciens ont dû porter leurs efforts.
[… ] Il ne reste plus aujourd’hui en Analyse que des nombres
entiers ou des systèmes finis ou infinis de nombres entiers,
reliés entre eux par un réseau de relations d’égalité
ou d’inégalité.
Les Mathématiques, comme on l’a dit, se sont arithmétisées.
(Poincaré 1902, 120)
Poincaré termine en soulignant que malgré le processus
d’arithmétisation des mathématiques, le recours à l’intuition
est toujours indispensable :
Avons-nous atteint enfin la rigueur absolue ? A chaque stade
de l’évolution nos pères croyaient aussi l’avoir atteinte.
S’ils se trompaient, ne nous trompons-nous pas comme eux ?
Nous croyons dans nos raisonnement ne plus faire appel à l’intuition ;
les philosophes nous diront que c’est là une illusion. La logique
toute pure ne nous mènerait jamais qu’à des tautologies ;
elle ne pourrait créer du nouveau ; ce n’est pas d’elle toute
seule qu’aucune science peut sortir. [… ]
Ainsi, la logique et l’intuition ont chacune leur rôle nécessaire.
Toutes deux sont indispensables. La logique qui peut seule donner
la certitude est l’instrument de la démonstration ; l’intuition
est l’instrument de l’invention.
(Poincaré 1902, 121–126)
sont déjà composées. Il est donc urgent pour ne pas retarder
la publication que vous
nous envoyiez votre manuscrit que nous
n’avons pas encore dans les mains.66
6
Mittag-Leffler
1902.
Votre ami dévoué,
Poincaré
ALS 2p. IML 100, Mittag-Leffler Archives, Djursholm.
Time-stamp: "13.12.2014 22:52"
Références
- Sur l’historiographie des Mathématiques. See Comptes rendus du IIe Congrès international des mathématiciens, Duporcq, pp. 27–42. External Links: Link Cited by: footnote 3.
- Comptes rendus du IIe Congrès international des mathématiciens. Gauthier-Villars, Paris. External Links: Link Cited by: M. Cantor (1902), D. Hilbert (1902), H. Poincaré (1902), G. Mittag-Leffler (1902), V. Volterra (1902).
- Sur les problèmes futurs des mathématiques. See Comptes rendus du IIe Congrès international des mathématiciens, Duporcq, pp. 58–114. External Links: Link Cited by: footnote 2.
- Une page de la vie de Weierstrass. See Comptes rendus du IIe Congrès international des mathématiciens, Duporcq, pp. 131–153. External Links: Link Cited by: footnote 6.
- Du rôle de l’intuition et de la logique en mathématiques. See Comptes rendus du IIe Congrès international des mathématiciens, Duporcq, pp. 115–130. External Links: Link Cited by: footnote 5.
- Betti, Brioschi, Casorati, trois analystes italiens et trois manières d’envisager les questions d’analyse. See Comptes rendus du IIe Congrès international des mathématiciens, Duporcq, pp. 43–57. External Links: Link Cited by: footnote 4.