1-1-157. Gösta Mittag-Leffler to H. Poincaré
[17.05.1900]11 1 Cette lettre est en partie dactylographiée sur un papier à en-tête : “Professor Mittag-Leffler/Djursholm, Stockholm”. On dispose du double dactylographié de cette lettre ainsi que d’un brouillon, rédigé par Phragmén et annoté légèrement par Mittag-Leffler. Les formules qui figurent dans le brouillon sont absentes de la copie dactylographiée dont nous disposons. La division en page correspond au brouillon de Phragmén [Brefkoncept 2594]. Le texte de Phragmén commence par : Remarques sur le mémoire manuscrit de M. Desaint “Sur la représentation analytique des fonctions quelconques”.
Mon cher ami,
Les théorèmes de M. Desaint sont tous erronés malheureusement, parce que les intégrales qu’il emploie pour représenter ses fonctions ne représentent pas la même fonction analytique à l’intérieur et à l’extérieur du cercle de convergence de la série de Taylor, qui lui sert pour point de départ.
M. Phragmén vient de me faire là-dessus les remarques suivantes.
Considérons par exemple la fonction qui figure dans sa formule fondamentale
(p. 10 du manuscrit).
Cette fonction est définie pour par l’intégrale définie
Cette intégrale, pour , se développe en une série procédant suivant les puissances de z
De même, pour , on a
Désignons cette dernière fonction par . On vérifie immédiatement que les fonctions satisfont toutes les deux à l’équation différentielle
dont la solution la plus générale peut s’écrire,
désignant une fonction de seulement.
On en conclut immédiatement que la fonction peut être continuée au delà du cercle et reste régulière dans le domaine de la variable qu’on obtient en excluant du plan entier la partie de l’axe réel situé entre et .
De même la fonction peut être continuée au delà du cercle et reste régulière dans le domaine obtenu en excluant du plan la partie de l’axe réel situé entre et .22 2 Variante: “La différence de nos deux fonctions est de la forme On s’assure aisément que n’est pas nul identiquement”.
Cela suffit pour démontrer que les fonctions et ne sont pas identiques. En effet, si c’était le cas, cette fonction serait uniforme et régulière dans tout le plan à l’exception du point . Dans ce point la fonction deviendrait infinie d’un ordre logarithmique seulement, et il s’ensuivrait qu’elle devrait être une constante, ce qui n’est pas le cas.33 3 Phragmén montre que les fonctions et définies comme solutions du problème à l’intérieur et à l’extérieur du disque unité peuvent être prolongées au delà de leur domaine de définition. Desaint avait implicitement admis que ces fonctions étaient identiques. Or, si elles l’étaient, ces deux fonctions représenteraient une même fonction qui admettrait 1 comme seul point singulier. En considérant les formules intégrales qui définissent et , il vient que ce point singulier est logarithmique ce qui entraîne, en appliquant le théorème de Liouville (Titchmarsh 1932, 85), que cette fonction est une constante.
D’ailleurs on peut facilement déterminer la différence . Cette différence est en effet de la forme
de manière que ce n’est que la fonction qu’il s’agit de déterminer.
Or on a évidemment
et de même
Donc
et
où doit être pris réel pour réel et négatif.44 4 Variante : “Il est inutile d’insister davantage”. Le texte de Phragmén s’arrête là.
Vu[e] la gravité de ces remarques je n’ai pas besoin d’insister sur d’autres dans son mémoire qui me paraissent entièrement inadmissibles.
Veuillez agréer, mon cher ami, l’expression de mon amitié bien sincère.
* J’ai simplifié un peu la notation en écrivant au lieu de
AL 3p. Mittag-Leffler Archives, Djursholm.
Time-stamp: " 9.02.2014 16:23"
Références
- The Theory of Functions. Oxford University Press, London. External Links: Link Cited by: footnote 3.