5-2-5. H. Poincaré to Eugénie Launois
10 Août [1878] Christianiaer Daglabet
L’expédition franco-norvégienne
L’intrépide navigateur Bonnefoy dont nous avons déjà si souvent entretenu nos lecteurs a honoré hier de sa présence les bureaux du journal. Nous pouvons maintenant affirmer que si cette expédition n’a pas eu tout le succès désirable, ce n’est pas la faute du navigateur français, mais que toute la responsabilité de l’échec doit retomber sur la tête de son collègue norvégien. En effet ce dernier possédant à merveille la langue des indigènes entretenait avec eux de si longues conversations que la marche de l’expédition éprouvait des retards considérables. Au contraire notre compatriote, quoique doué au plus haut degré du don des langues vivantes, ne pouvait entretenir avec les Esquimaux que des relations plus taciturnes. Toujours il poussait son collègue en avant ; mais celui-ci continuait à dérouler d’harmonieuses périodes dont le navigateur français ne comprenait pas un mot. A peine de retour de cette expédition maritime, l’infatigable explorateur affrète le navire Motola avec lequel il compte découvrir le passage du SO et établir des communications maritimes entre notre ville et Bergen. Il reviendra ensuite à Christiania en suivant par terre les traces de notre correspondant. Sans aucun doute cette seconde expédition ne fera que confirmer les conquêtes dont la science géographique est redevable à notre reporter Bonnefoy compte être de retour dans notre ville vers le 15 septembre. Nos concitoyens lui préparent déjà une réception qui fera pâlir celles qu’ils ont faites à Vélocipède IV et au Norskstudantorpheon (?) et où leur enthousiasme semblait avoir atteint son paroxysme.
L’INSUCCES de la quadruple alliance
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Plusieurs de nos confères considéraient depuis quelque temps comme probable la
conclusion d’une quadruple alliance entre Marcel 1er dit le mystérieux,
Balthasar II et H XXI et Joli petit 1er roi de Géorgie, qui s’est placé
comme chacun sait, sous le puissant protectorat du grand empereur de
Scandinavie. En effet des négociations étaient engagées par l’intermédiaire
de la Guacanagarie [?]. Mais nous avions toujours conseillé à nos lecteurs
de ne pas trop espérer une issue favorable. En effet Marcel 1er n’était pas
satisfait de la préférence qu’avait témoigné l’empereur de Scandinavie à
Joli petit 1er. Chacun sait que Marcel 1er avait demandé à Balthasar II le
libre passage des [1 mot illisible] et que l’empereur de Scandinavie
le lui avait refusé et l’avait accordé au contraire au roi de Géorgie, au
grand détriment du commerce de Marcel 1er. De là des froissements qui ne
nous permettaient pas d’avoir trop d’espoir. Nos prévisions n’ont pas
été trompées. Les projets de quadruple alliance sont définitivement
abandonnés. Nous pouvons donner dès aujourd’hui quelques détails sur les
négociations.
Le grand empereur Balthasar méditait depuis longtemps une expédition contre les
Dalécarliens. Il fit proposer à H XXI de se mettre immédiatement en campagne
pour y prendre part. Partir immédiatement c’était renoncer définitivement à la
quadruple alliance. Aussi H XXI fit-il une réponse vague, et demanda de
différer son entrée en campagne. Il savait en effet que si l’empereur de
Scandinavie dispose de forces considérables, il lui est difficile de les
mobiliser, et que d’ailleurs
une fois en marche, il est obligé de s’arrêter souvent pour les ravitailler. Son
plan consistait à achever avec le concours de Marcel 1er la conquête du Télémark
et du Ringerike puis à rejoindre les Scandinaves et les Géorgiens à Stockholm ou
à Upsal pour marcher ensemble contre les Dalécarliens. La quadruple alliance eût
pu ainsi enfin être conclue. La 1ere partie de son programme a pu s’exécuter
sans difficulté. Le Télémark et le Ringerike se sont soumis aux troupes
alliées. Mais des difficultés d’ordre diplomatique ne tardèrent pas à se
présenter. Marcel 1er, en insatiable conquérant équipait une flotte considérable
et dirigeait l’armée victorieuse qui venait de conquérir le Ringerike, sur le
Yoetessdalen (?), le Hardanger et le Yogn (?) Tous les efforts des (1 mot
illisible) guacanagariens pour l’engager à différer cette expédition furent
inutiles. Il craignait en effet de voir sa flotte prise dans les glaces s’il
tardait encore. On ne pouvait donc plus songer à entaînet Marcel 1er dans une
expédition contre les Dalécarliens. Les conseil des ministres guacanagariens se
réunit. La séance fut orageuse. Fallait-il conduire à la suite de Marcel 1er les
troupes de H XXI déjà fatiguées par de longues guerres dans une expédition aussi
lointaine, personne n’y songeait. Cependant quelques ministres n’auraient pas
refusé d’accompagner Marcel 1er pendant les 4 ou 5 premiers jours de la gueuer
et le laisser ensuite achever seul l’exécution de ses gigantesques projets. Mais
la majorité trouvait que ce n’était pas la peine pour quelques jours d’alliance
avec Marcel 1er de sacrifier tout espoir de pouvoir se joindre à Balthaser II et
à Jolipetit 1er. Le ministre d’Etat fit d’ailleurs
observer que l’on s’était presque engagé déjà vis à vis de la Scandinavie et
qu’il fallait éviter de mécontenter un voisin aussi puissant avec lequel on
n’avait jamais cessé d’entretenir les meilleurs relations et à qui on devait
tant. Cette remarque de (1 mot illisible) triompha des dernières
indécisions et à l’unanimité le conseil décida de renoncer à l’alliance de
Marcel 1er pour se jeter dans les bras de Balthasar II.On doit donc
s’attendre à la conclusion d’une triple alliance. Mais à l’heure qu’il
est le traité n’est pas encore signé. Toutefois il n’y a pas lieu de
s’inquiéter de ce retard. Il s’explique facilement par la difficulté des
communications. La dépêche de H XXI a dû arriver à Stockholm le 9 Août à
6h56 et la réponse de son puissant ami ne (1 mot illisible) lui
parvenir qu’à 2 heures ou 2 heures 1/2. Mettant sous presse à 1
heure nous ne pouvons donc donner à nos lecteurs sa teneur exacte. On a
cependant une inquiétude. L’empereur de Scandinavie a montré dans ses
préparatifs de guerre une rapidité tout à fait inaccoutumée qui a trompé les
calculs de H XXI. A moins qu’un dernier détail ne le retienne, il a dû
quitter sa capitale à la tête des troupes scandinavo-géorgiennes le 9 Août
à 9h36. Si les courriers de Sa Majesté n’ont pas montré la rapidité [2
mots illisibles] l’importance des dépêches qui leur étaient confiées,
peut-être ne seront-ils arrivés au palais de Balthasar qu’au moment où S.
M. venait de le quitter. Dans ce cas ils se mettraient immédiatement en
route pour le poursuivre et la conclusion définitive du traité ne serait
retardée que de quelques jours.
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Adresser encore toutes communications à Christiania où ils feront suivre.
AL 4p. Collection particulière, 75017 Paris.
Last edit: 8.05.2016