Eugène Lubac to H. Poincaré
Ce 1er février 190911 1 La lettre porte un tampon “Paroisse de Fontaneilles – Diocèse de Rodez”. La première page comporte également une annotation de la main de Poincaré “envoyé le 2”.
Eug. Lubac, curé de Fontaneilles (Aveyron)
Monsieur Henri Poincarré, chevalier de la Légion d’Honneur, Ingénieur des Mines, membre de l’Institut et nouveau membre de l’académie française.
Mon bien digne et illustre Monsieur H. Poincaré,
Dans mon journal “L’Univers” j’ai lu avec la plus grande satisfaction le remarquable discours que vous avez prononcé à l’Académie française le jour de votre réception comme nouvel académicien. J’ai lu aussi le discours remarquable de Mr Frédéric Masson, directeur de l’Académie française et qui a répondu au votre. Ces deux discours sont à conserver, et je les conserverai précieusement. Dans le cas, Monsieur, où vous n’auriez pas pris connaissance de l’article, intitulé “À l’Académie” qu’Eugène Tavernier a publié dans L’Univers, je suis tout heureux de vous adresser ce no, avec ces quelques lignes pour vous adresser, à la suite de tant d’autres, mes compliments et mes félicitations. Que Dieu soit loué et béni!!!
Permettez-moi, Monsieur, de profiter de cette heureuse circonstance pour adresser humblement à Madame Henri Poincaré, votre bonne et digne Épouse, née Poulain d’Andecy, une prière en faveur, si faire se peut, de notre École libre des jeunes filles. École qui après l’injuste fermeture de notre bon couvent, est tenue par deux excellentes religieuses … sécularisées. À ma grande satisfaction, Monsieur, toutes nos jeunes filles, à part trois ou quatre, fréquente notre bonne École libre, mais gratuitement quasi toutes, et cela à cause de l’autre École communale non payante dans un sens et qui est tenue par une de ces institutrices laïques, tout à fait dans le goût du jour. Ah! Monsieur, il faut bien le reconnaître, une des causes des maux qui nous entourent, c’est non seulement la mauvaise presse, mais aussi l’éducation laïque et impie des Écoles, et contre laquelle il faut réagir et agir.
J’ai promis, Monsieur, de donner à nos deux bonnes Religieuses … sécularisées la somme au moins de 300 fr, à chacune. Mais pour ce faire, j’ai besoin (je donne 100 fr) j’ai besoin de frapper à la porte des âmes charitables, des cœurs généreux que j’ai l’honneur de connaître personnellement ou de réputation. Je ne voudrais pas être importun le moins du monde; de nos jours, et plus que jamais, les oeuvres catholiques, les œuvres de charité sont partout fort multipliées. Vous en savez, vous-même avec votre bonne Dame, quelque-chose.
Cependant, si dans la nécessité où je me trouve, Madame H. Poincaré, votre bonne Épouse, tant en son nom qu’au vôtre, voulait bien nous faire une offrande, quelle qu’elle soit, nous vous en serions bien reconnaissants, et particulièrement votre humble et bien dévoué serviteur qui ne manquera pas de prier pour la conservation de vos jours, utiles et précieux, sans oublier de prier aussi pour ceux qui vous sont bien chers, vivants et défunts.
Daignez agréer, mon bien digne et bien distingué Monsieur, avec mes nouveaux compliments et félicitations, la sincère expression de mes meilleurs sentiments d’estime et de respect.
Eug. Lubac curé de Fontaneilles (Aveyron).
PS Mes plus respectueux et religieux hommages à Madame H. Poincaré, votre digne Épouse, avec la belle petite Image de N. D. de Lourdes, comme souvenir du 50° anniversaire des prodigieuses apparitions de l’Immaculée Vierge Marie.
ALS, 3p. Collection particulière, Paris 75017.
Time-stamp: " 1.09.2017 00:54"