2-31. Arthur Korn

Originaire de la ville de Breslau (Wrocław, Poland), Arthur Korn (1870–1945) étudie avec Gustav Wiedemann et Carl Neumann à Leipzig, où il soutient sa thèse de physique mathématique à l’âge de vingt ans. Il continue ses études d’abord à Paris, où il suit le cours d’Émile Picard, ainsi que les leçons sur la théorie de l’élasticité de Poincaré (1892). Korn étudie également à Berlin, Würzburg et Londres. A partir de 1895, il enseigne la physique théorique en tant que Privatdozent à l’Université de Munich, suite au départ de Ludwig Boltzmann. Korn reste à Munich jusqu’en 1908, lorsque Arnold Sommerfeld succède à Boltzmann.11 1 Eckert & Pricha (1984); Jungnickel & McCormmach (1986, II, 158, 280). Il peine à trouver un autre poste d’enseignement; c’est alors qu’il perfectionne sa technique de transmission télégraphique d’images, appelée Bildtelegraphie. En 1903, à l’invitation de l’Académie des sciences, Korn présente cette technique devant Poincaré et ses confrères à Paris.22 2 Korn (1903), T. Korn & E. Korn (1950, 107).

Korn rédige un traité sur la théorie du potentiel (1899), et publie fréquemment sur ce sujet et sur la théorie de l’élasticité dans les Comptes rendus. En 1907, il partage avec Jacques Hadamard et Tommaso Boggio le prix Vaillant de l’Académie des sciences, pour son étude sur l’équilibre des plaques élastiques encastrées.33 3 Comptes rendus 145 (1907), 983. Le rapport est rédigé par Émile Picard (1907).

Dans le domaine de la physique théorique, Korn développe une théorie de la gravitation à base de sphères pulsantes plongées dans un éther fluide et incompressible. Les modes intrinsèques de vibration (ainsi que des conditions de bord particulières pour les surfaces de contact) devaient expliquer la gravitation, la loi maxwellienne de distribution de vitesses dans la théorie cinétique des gaz, et les lois des phénomènes capillaires.44 4 Korn (1896), à propos duquel voir Whittaker (1951, I, 285), et North (1965, 34). La théorie de Korn est présentée par Poincaré lors de son cours à la Sorbonne en 1906–1907 (Poincaré 1953, 257–265).

Lorsque la théorie de la relativité voit le jour en 1905, Korn adopte une attitude sceptique, comme la plupart des théoriciens. Vers la fin de 1907, il croit que la relativité doit bientôt disparaître de la scène (Jungnickel & McCormmach 1986, II, 247). Korn se retrouve en 1911 face à une théorie de la relativité comprise par ses collègues théoriciens comme définitivement acquise. Il reste aux théoriciens la refonte de toutes les branches de la physique sur de nouvelles bases relativistes. Une des deux lettres de Korn à Poincaré se situe dans ce cadre; elle accompagne une note à l’Académie des sciences dans laquelle il est question de l’électrodynamique des milieux en mouvement, que Korn veut expliquer à travers l’interaction des ses sphères pulsantes.

A la mort de Poincaré, Korn fait hommage à son ancien maître, en soulignant sa maîtrise de toutes les branches des mathématiques, et l’influence de ses leçons de physique mathématique. On pourrait chercher dans tous les pays, Korn écrit (1912, 10), mais il serait difficile de trouver un physicien qui n’aurait pas bénéficié, d’une façon directe ou indirecte, par la publication de ses leçons.

En 1914, la Technische Hochschule de Berlin engage Korn en tant que professeur associé.55 5 Physikalische Zeitschrift 15, 648. Korn enseigne à Berlin pendant un quart de siècle; dans les années 1920 et 1930 il travaille sur des questions techniques dans l’industrie émergente de la télévision. Suite à l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933, Korn quitte Allemagne pour la Mexique et les États-Unis d’Amérique.66 6 Sur la vie de A. Korn voir T. Korn & E. Korn (1950), Lorey (1916, 340, note 2), Volz, dir (1930, I, 992–993), et Weiher (1980, 588).

Time-stamp: "29.05.2014 11:45"

Références

  • M. Eckert and W. Pricha (1984) Boltzmann, Sommerfeld und die Berufungen auf die Lehrstühle für theoretische Physik in Wien und München 1890–1917. Mitteilungen der Österreichischen Gesellschaft für Geschichte der Naturwissenschaften 4, pp. 101–119. Cited by: footnote 1.
  • C. Jungnickel and R. McCormmach (1986) Intellectual Mastery of Nature: Theoretical Physics from Ohm to Einstein. University of Chicago Press, Chicago. Cited by: 2-31. Arthur Korn, footnote 1.
  • A. Korn (1896) Eine Theorie der Gravitation und der electrischen Erscheinungen auf Grundlage der Hydrodynamik. Ferd. Dümmler, Berlin. External Links: Link Cited by: footnote 4.
  • A. Korn (1899) Lehrbuch der Potentialtheorie. Ferd. Dümmler, Berlin. External Links: Link Cited by: 2-31. Arthur Korn.
  • A. Korn (1903) Ueber eine mögliche Erweiterung des Gravitationsgesetzes. Sitzungsberichte der math.-ph. Kl. d K. Bayer. Ak. der Wiss. 33. External Links: Link Cited by: footnote 2.
  • A. Korn (1912) Henri Poincaré (1854–1912). Sitzungsberichte der Berliner mathematischen Gesellschaft 12, pp. 3–13. Cited by: 2-31. Arthur Korn.
  • T. Korn and E. P. Korn (1950) Trailblazer to Television: The Story of Arthur Korn. Charles Scribner’s Sons, New York. Cited by: footnote 2, footnote 6.
  • W. Lorey (1916) Das Studium der Mathematik an den deutschen Universitäten. Teubner, Leipzig/Berlin. Cited by: footnote 6.
  • J. D. North (1965) The Measure of the Universe: A History of Modern Cosmology. Oxford University Press, Oxford. Cited by: footnote 4.
  • É. Picard (1907) La mécanique classique et ses approximations successives. Scientia (Rivista di Scienza) 1, pp. 4–15. External Links: Link Cited by: footnote 3.
  • H. Poincaré (1892) Leçons sur la théorie de l’élasticité. Georges Carré, Paris. External Links: Link Cited by: 2-31. Arthur Korn.
  • H. Poincaré (1953) Les limites de la loi de Newton. Bulletin astronomique 17 (3), pp. 121–269. External Links: Link Cited by: 2-31. Arthur Korn.
  • R. W. Volz (Ed.) (1930) Reichshandbuch der deutschen Gesellschaft: das Handbuch der Persönlichkeiten in Wort und Bild. Deutscher Wirtschaftsverlag, Berlin. Cited by: footnote 6.
  • S. v. Weiher (1980) Korn, Arthur. In Neue deutsche Biographie, Volume 12, Bayerische Akad. der Wiss. (Ed.), pp. 588. Cited by: footnote 6.
  • E. T. Whittaker (1951) A History of the Theories of Aether and Electricity. T. Nelson, London. Cited by: footnote 4.