3-15-19. H. Poincaré to George Howard Darwin
[Entre fin Juillet et début Août 1901]11 1 Le MS porte un fragment de calcul d’une main inconnue: /
Mon cher collègue,
J’entre en matière sans plus de préambule.
Je définirai une surface quelconque par rapport à un ellipsoïde de référence de la façon suivante.
Soit un élément de la surface de l’ellipsoïde ; je mène les trois droites orthogonales des ellipsoïdes homofocaux jusqu’à la rencontre de la surface ; je détache ainsi un petit volume ; soit:
je développe ensuite en série harmonique. De cette façon si dans le développement de il n’y a pas de terme d’ordre 0, le volume de est égal à celui de .
Soit l’ellipsoïde initial, ellipsoïde de Jacobi qui fait la bifurcation avec la série des poires. Je pourrai toujours choisir un ellipsoïde de référence de même volume que et de telle façon qu’en rapportant à , le développement de ne contienne pas d’harmoniques d’ordre 0, 1 ou 2.
Soient , , , etc. les coëff. du développement de , étant en particulier le coëff. de la 3d zonal. Soient et deux variables définissant la forme de et s’annulant quand se réduit à . La forme de la surface sera alors définie par les variables , , , , , ….
Soit l’énergie de gravitation, le moment d’inertie, la vitesse angulaire, la valeur de qui correspond à ; posons:
Les équations d’équilibre s’écriront:
Il faut donc développer et suivant les puissances de , , , , …. J’appellerai et les termes constants du développement, que je pourrais d’ailleurs laisser de côté.
Dans pas de terme du 1er degré. Les termes du 2d degré se réduisent à des carrés:
est nul (coëff. de stabilité nul).
Par symétrie il n’y a pas de terme en ; mais il y a un terme en que j’écrirai , il y a aussi des termes en , ; je puis donc écrire:
étant un ensemble de termes qui comme nous le verrons ne joueront aucun rôle.
Passons à . Les seuls termes du 1er degré sont et ; le terme en est important aussi, il n’y a pas de terme en , ; je puis donc écrire:
étant un ensemble de termes qui ne joueront aucun rôle.
Les équations deviennent alors:
Comme est au moins du 2d ordre, du 3e ordre, cette éq. nous apprend que est du 2d ordre. Il en résulte que est du même ordre que , c’est-à-dire du 2d ordre, du 2d ordre etc.
contenant en facteur soit , soit , soit , soit , soit , soit , est du 3e ordre et du 2d ordre.
contient , , , , , etc. est donc du 4e ordre, et l’éq. qui donne peut se réduire à:
(1) |
L’éq.
donne de même:
qui se réduit à:
(2) |
De même
(3) |
Non je me trompe; je puis négliger dans les termes du 4e ordre (en comptant du 1er ordre, , , du 2d ordre) et par conséquent dans les termes du 5e ordre. Mais nous avons encore dans des termes en qui sont du 4e ordre et dont il faut tenir compte.
J’écrirai donc:
étant du 5e ordre.
Dans je puis négliger les termes du 2d ordre, par conséquent dans ceux du 3e. Or est du 3e ordre.
L’éq. (1) ainsi corrigée devient:
(1bis) |
Aux éq. (2) et (3) rien à changer car est du 3e ordre, .
Mais il faut ajouter l’éq.
qui donne
(4) |
L’éq. (1bis) devient alors:
(1ter) |
Nous tirerons , et en fonction de du système (1ter), (2), (3).
On trouve ensuite:
Le calcul de , , , , , ne présente aucune difficulté; celui de n’en présente pas de très grande.
C’est surtout sur le calcul de et de que nous devons insister.
Calcul de
Je décompose la masse attirante en trois parties. 1° ellipsoïde, 2° la simple couche, c’est-à-dire le bourrelet supposé ramené à la surface de l’ellipsoïde (en suivant les lignes trajectoires orthog. des surfaces homofocales , ), 3° la couche supplém. dont l’attraction est égale à celle du bourrelet moins celle de la simple couche.
Alors se décomposera de 4 termes:
-
1°
terme dû à l’action mutuelle de l’ellips. et de la couche suppl.
-
2°
[terme dû] à la force centrifuge.
-
3°
[terme dû] à l’action mutuelle de la simple couche et de la couche suppl.
-
4°
[terme dû] à l’action de la couche suppl. sur elle même,
Pour le 1er terme, soit le potentiel de l’ellipsoïde, sa valeur ( et étant le même) à la surface de l’ellipsoïde, l’élément de volume. Le 1er terme provient de
Or c’est à un facteur constant près
J’appelle la valeur de qui correspond à notre ellips.
Je pose et je développe suivant les puissances de :
Le calcul des coëff. du dévelop. ne serait pas très difficile. La valeur de correspondant à l’épaisseur de la couche sera . On serait ramené finalement à une quadrature simple ; où serait proportionnelle à l’épaisseur de la poire (3d zônal harmonique) et où serait une fonction assez simple de et de dépendant des 3 1ers coëff. , , , . Le 2d terme se ramènerait sans difficulté à une quadrature analogue.
Le calcul du 3e serait tout à fait analogue à celui du 1er seulement représenterait le potentiel de la simple couche au lieu de celui de l’ellips.
Le 4e terme pourrait se calculer par le procédé que vous indiquez.
Nous pouvons réduire notre couche supplém. à une double-couche dont la densité est prop. à . Si est le potentiel de cette double couche, ce que nous avons à calculer dépend de
étant l’élément de surface et l’attraction normale due à cette double couche.
Supposons que ait été développé en série harmonique
On aura à un facteur constant près ou quelque chose comme cela:
d’où
mais le procédé de la quadrature mécanique doit être plus rapide que celui de la série harmonique.
Calcul de
Pour calculer les coëff. , voici ce qu’il faudrait faire; supposons deux bourrelets, le 1er d’épaisseur prop. à la 3d zonal, le 2d d’épaisseur
Il faut en négligeant calculer l’accroissement du potentiel quand on ajoute ce 2d bourrelet. C’est encore
élément de volume du 2d bourrelet, potentiel avant l’addition du 2d bourrelet. Mais se décompose en 3 parties: 1° ellipsoïde 2° simple couche 3° couche supplémentaire.
Soit:
Les expressions de et de sont bien connues; quant à c’est le potentiel de notre double couche dont nous avons parlé plus haut.
Je développerai et suivant les puissances de ; j’aurai alors
Il importe de préciser ici que je prends du côté extérieur à la double couche.
Posons:
et développons en série harmonique:
Soit .
Alors:
Donc: .
Ce dont j’ai besoin c’est de .
Or à un facteur constant près c’est: .
Posons:
où
Le potentiel d’une simple couche de densité est à un facteur constant près:
d’où l’éq. puisque
ou quelque chose comme cela.
Je crois que cette éq. peut aider à déterminer par approxim. successives. Si nous avons alors
Tout cela est bien vague et les calculs restent fort longs, mais je réfléchirai de temps en temps à la question et je vous ferai part du résultat de mes réflexions. J’ai peut être fait des fautes de calcul surtout dans les coëff. Vous les vérifierez aisément.
Pardon de vous avoir écrit une si longue lettre et croyez à mon sincère dévouement.
Poincaré
ALS 11p. CUL-DAR251.4915, Cambridge University Library.
Time-stamp: "28.01.2016 17:57"