5-2-2. H. Poincaré to Eugénie Launois
Mardi
[Juin 1876]
Ma chère maman,
Tu me la fais à l’oseille, avec ton Léopold. Il me donne rendez vous à 1h 1/2 ; je l’attends jusqu’à 3h. Je le crois collé, je file ; il arrive à 5h j’étais bien loin ; il [1 mot illisible] poste de [1 mot illisible]. Quoi de plus naturel.
Je n’ai pu en effet aller à la poste à Cherbourg y étant arrivé et en étant parti les deux fois à des heures indues où le postillon cherbourgeois était encore en train de piquer son chien dans les bras de Morphée. Mais je vais écrire au postard cherbourgeois de m’expédier le topo en question.
Récapitulons les désastres matériels du voyage. D’abord la pointe de mon parapluie [1 mot illisible] aujourd’hui avec [1 mot illisible] le plus bel ornement du musée de Bayeux. Mon chapeau yokohuman qui me coûtait 55 cent a péri à la grande bataille de Valognes. Mon bandrio [?] est décousu. Ma valise a un prob de fermeture absolument idiot ; enfin il faut remplacer les guêtres myrapantaloniennes par de simples jarretières. Comme désastres j’ai encore à citer la séparation ou plutôt le déclouement d’une semelle de mes bottes et l’inondation [?] de C qui s’est produite dans mon système bleu. Quant à la [1 mot illisible] elle ne s’est pas livrée à la même extravagance.
Racontons maintenant le voyage en détails. Ne fais pas attention si je me répète.
1ère journée trouvilloise.
A 7h je me lève, je me mets dans mon
attirail le plus complet ; je prends un sapin ; j’arrive à la gare je n’y trouve que Bonnefoy nous prenons un chocolat ensemble. Puis arrivent tous les autres on déniche un bazar et on déniche le yokohuman. Le voyage [1 mot illisible] n’offre rien de particulier. A Serquigny nous déjeunons non sans ahurir les larbins de l’étblst peu habitués à une telle affluence de voyageurs aussi singuliers. A Trouville nous trouvons un hôtel vide ; nous montons et je couche dans la même ch. avec Petitd. Nous montons nos affaires et nous prenons la plage de Trouville dans la direction de Hon. J’avais à peine traversé le corabrag [?] et ramassé qq trigonia clavellata quand j’essayais de pénétrer dans l’Oxfordclay (argile de Dives) je n’y pénétrai pas plus qu’aux genoux
je me retourne et j’aperçois [1 nom illisible] et Delamarre dans la même situation. Quant à Petitdid. il a préféré le [2 mots illisibles]. Je continue néanmoins ma course et j’arrive finalement à Villerville. Là commence le retour ; nous prenons l’avance, on revient par la route et nous sommes à Trouville, Honoré, de Neuville et moi, une demi-heure avant les autres ; j’ouvre ma valise grâce à leur aide, change de pantalon et je confie mon granitique à la bonne de l’établ. Je descends avec mon pantal. anglais. Le lendem. elle m’a rendu mon p. gra dans un état absolt irrépr. mais tout mouillé. Le soir grand [2 mots illisibles] sur la jetée ; mer phosphorescente. Mon oeil va bien.
AL, 4 p. Collection particulière, Paris 75017.
Last edit: 8.05.2016