2-9-7. René Blondlot to H. Poincaré

Nancy, février 1899

Mon cher ami,

Je vous adresse, en vous demandant de bien vouloir l’examiner, une Note sur un phénomène dont les considérations théoriques un peu hypothétiques m’avaient fait soupçonner l’existence. Le fait s’est trouvé vrai expérimentalement, et en y réfléchissant de nouveau, j’ai vu qu’il s’explique par une théorie qui, cette fois, n’a plus rien d’hypothétique, et ressort nécessairement de l’analyse de ce qui se passe dans l’expérience. La très courte théorie mathématique que je donne dans ma Note est certainement exacte au fond, seulement la forme n’en est peut être pas entièrement satisfaisante. La cause en est que l’on a affaire ici à un résultat qui n’est vrai que par statistique, et qui peut même se renverser dans quelques-uns des éléments pris isolément. Je crois avoir dit tout ce qui peut être dit si l’on ne veut pas se lancer dans des questions particulières d’hydrodynamique ; mais est-ce suffisant ? C’est ce que je vous demande de décider. Si vous pensiez que ma Note puisse passer telle quelle, je vous serais reconnaissant de bien vouloir la transmettre à l’un des Secrétaire pp. de l’Académie ; sinon, je vous le serais encore plus si vous preniez la peine de m’indiquer les améliorations à y apporter.

Comme vous le voyez, je cherche à surmonter mon triste état, de plus en plus déplorable, en cherchant à travailler tant soit peu ; mais avec quelle peine !

C. Gutton a fait sur le passage des ondes électromagnétiques d’un système de conducteurs à un autre un travail étendu et consciencieux, qui, à ce qu’il espère, pourra lui servir de thèse ; je crois, du reste, qu’il vous a écrit à ce sujet. Cet infatigable, que j’envie un peu, s’est déjà remis à un autre travail.

Recevez, je vous prie, avec mes remerciements anticipés l’expression de mes sentiments profondément affectueux.

R. Blondlot

ALS 4p. Collection particulière, Paris 75017.

Time-stamp: " 6.09.2016 22:32"