5-2-1. H. Poincaré to Eugénie Launois
Jeudi [Sans date]
Ma chère maman,
Nous sortons encore aujourd’hui, parce qu’hier notre sortie a été remplacée par une visite à une cristallerie. Nous ne devrions pas en faire ; car les conscrits n’en font jamais, cela a été décidé du jour au lendemain. J’ai pris le train d’Asnières à 2 h. 5 ; puis nous avons eu une longue route à pied par de chaleur. Arrivés là-bas nous nous sommes aperçus que les fours Siemens ne chauffent pas moins que le soleil. Ce qu’il y avait de plus remarquable dans cette usine, c’était la densité des ouvriers. La partie qui aurait été très intéressante, à savoir les fours Siemens, était malheureusement inabordable ; je suis revenu par le train de 4 h et par le bus. Mlle Barré est venue dîner chez Mme Rinck ; Octave n’est pas venu ; il préparait son exam. M. Rinck réclame je ne sais plus quelle ordonnance.
J’ai reçu une lettre de l’Oncle Antoni qui vient dimanche à Paris. Je suis toujours à la recherche de Bonnet. Tu sais que je n’ai jamais été d’avis que papa se présente. Il se tuerait à force de chiade et de tourmente ; je le connais bien. Nos visites aux manufactures intriguent considérablement les reporters. Le Moniteur Universel a dit que les X qui se destinaient aux Tabacs avaient été passer leurs exams à la Manufacture ; le Gaulois a dit qu’environ 250 élèves de l’École Polytechnique avaient été faire à la gare St Lazare une manifestation renouvelée des chapeaux mous.
AL 2p. En-tête de l’École Polytechnique. Collection particulière, 75017 Paris.
Last edit: 8.05.2016