Hippolyte Sébert to H. Poincaré
19 Février 190011 1 Le manuscrit du copiste porte l’annotation de main inconnue : “Copie de la note remise à M Poincaré / Sébert”. Alex Csiszar, qui nous a communiqué cette transcription, note que Sébert et Paul Otlet entretenaient une correspondance à propos des questions bibliographiques, dont le projet de Sébert à intégrer (ou à influencer) la Commission du Catalogue international de la littérature scientifique au Ministère de l’Instruction Publique.
Au Sujet de la Classification des Sciences Mathématiques de la Société Royale
Une table de classification bibliographique internationale pour une science déterminée doit être établie de façon à permettre d’assurer un classement précis à tous les sujets qui constituent la littérature de cette science, c’est-à-dire, non seulement à ceux qui concernent les études d’actualité formant l’objet de travaux en cours des promoteurs de cette Science à l’époque actuelle, mais aussi à ceux qui forment le fond de l’enseignement classique et qui composent la littérature courante de cette science dans les différents pays, sans en excepter même la littérature ancienne et surannée.
Une table de ce genre doit en outre présenter pour chacune de ses parties, un développement en rapport avec [illisible] de la science correspondante et avec la littérature ou s’y rapporter.
Bien que le projet de classification bibliographique des Sciences mathématiques préparé par la Société Royale de Londres soit supérieur sous ces deux rapports, à ceux qu’avait été élaboré précédemment par le Congres international des Mathématiciens 1893; il ne satisfait pas à ces conditions.
Ce projet donne en effet une place insuffisante aux parties des Mathématiques qui forment le fond de l’enseignement traditionnel et classique dans les différents pays et même en omet totalement des branches entières.
C’est ainsi que l’on n’y trouve, ni dans l’Arithmétique, ni dans l’algèbre, les racines et puissances, les logarithmes, les proportions et progressions, les règles de trois, les calculs d’intérêts Xe, etc. Si ces questions peuvent, à la rigueur, être rattachées aux divisions prévues, la façon de le faire n’est certainement pas mise à la portée de ceux qui pourraient avoir à faire usage de ce Répertoire.
Il y a au contraire dans d’autres parties un développement trop considérable donné aux recherches modernes, qui sont fixées sous des rubriques trop spéciales et qui resterons encore hors de la portée de bien des lecteurs, quoiqu’un grand progrès, sous ce rapport, ait été réalisé par le nouveau projet par rapport à l’ancien.
Il y aurait aussi à signaler les défauts des symboles numériques adoptés par la Société Royale pour designer les divisions, symboles qui n’ont que l’apparence de ceux qui constituent la Classification décimale et ne fournissent pas des qualités de simplicité et d’élasticité du système adopte par l’Institut international de Bibliographie; mais il n’y a qu’à renvoyer sur ce point, à l’Introduction des nouvelles tables refondues de la Classification de la bibliographie décimale, et à l’article publié dans le N. du 15 7bre 1899 de la Revue des Sciences, en ajoutant qu’il serait très facile d’adapter ce système de numération au projet de la Société Royale, un le mettant d’accord avec les tables en usage de Melvil Dewey.
TrL 2p. Mundaneum, Mons.
Time-stamp: "19.08.2017 01:06"