2-55-1. H. Poincaré to Peter Guthrie Tait

[Ca. 24.02.1892]11 1 Lettre à la rédaction de Nature, publiée le 03.03.1892.

Permettez-moi de répondre en quelques mots à l’article que M. Tait a consacré à ma thermodynamique, non que je veuille prendre la défense de mon imprimeur, ou réfuter des reproches généraux, contre lesquels ma préface proteste suffisamment.22 2 Il s’agit de la préface de la Thermodynamique de Poincaré (1892b). Poincaré réagit au compte-rendu de Tait (1892; § 2-62-2), publié dans Nature le 14.01.1992.

J’abuserais ainsi de votre hospitalité et de la patience de vos lecteurs ; je me bornerai donc à discuter une seule des critiques de M. Tait, et je choisirai celle que ce savant paraît regarder comme la plus importante et qu’il a formulée avec le plus de précision. Je commence par en reproduire le texte :

“Even the elaborate thermo-electric experiments of Sir W. Thomson, Magnus, &c., are together ignored. What else can we gather from passages like the following?

‘… Si l’effet Thomson a pu être mis en évidence par l’expérience, on n’a pu jusqu’ici constater l’existence des forces électromotrices qui lui donnent naissance … ’ .”

Rappelons d’abord que, dans l’étude des phénomènes électriques et thermiques qui se produisent au contact de deux métaux, il faut soigneusement distinguer trois choses :

  1. (1)

    le phénomène calorifique connu sous le nom d’effet Peltier. Dans le cas d’un métal unique mais inégalement chauffé, le phénomène correspondant s’appelle effet Thomson et se manifeste par un transport de chaleur.

  2. (2)

    La différence de potentiel vraie ou force électromotrice de contact.

  3. (3)

    La force électromotrice apparente ou différence de potentiel entre les couches d’air voisines de la surface de deux métaux.

L’effet Thomson a été mis en évidence par l’expérience. M. Tait croit qu’il en est de même de la différence de potentiel vraie.

Ou la phrase que j’ai citée plus haut n’a aucun sens, ou elle signifie qu’il me blâme d’avoir dit le contraire.

Or cette manière de voir ne soutient pas un instant d’examen. Nous n’avons aucun moyen de mesurer la différence de potentiel vraie.

Les méthodes électrostatiques ne nous font connaître que la différence de potentiel apparente; les méthodes électrodynamiques ne nous font connaître que la somme des forces électromotrices vraies dans un circuit fermé.

Enfin les méthodes indirectes, fondées sur l’écoulement ou sur les phénomènes électrocapillaires, ne sont pas applicables dans le cas qui nous occupe.

H. Poincaré

PrTL. Poincaré (1892a), réédité dans Petiau (1954, 234–235).

Time-stamp: "30.12.2016 11:32"

Références