2-64-1. Émile Mathias to H. Poincaré

Toulouse, 31 mars 1899

Monsieur le Président et très Honoré Maître,11 1 Émile Mathias écrit à Poincaré en tant que Président du Bureau des longitudes.

J’ai l’honneur de vous informer que je viens de recevoir de Mr Piltschikoff, professeur de physique à l’Université d’Odessa et président de la Commission russe du mètre, une très curieuse lettre dont voici la substance.22 2 Nicolai Piltschikoff (ou Pilčikov) fut professeur de physique à l’Université d’Odessa (Oettingen 1904, 1166).

C’est le 23 avril 1799 que la Commission de la Convention a présenté à la célèbre Assemblée ses travaux sur le mètre, «   le mètre vrai et définitif   » n’ayant été déclaré obligatoire que la 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799).33 3 À propos de la commission présidée par Borda, voir Alder (2002, trad. fr. 2005).

Le «   centenaire du mètre   » peut donc être célébré le 23 avril ou le 10 décembre 1899. La Société Impériale des Naturalistes et la Société Impériale technique d’Odessa, présidées l’une et l’autre par Mr Piltschikoff, ont choisi la première de ces dates pour une réunion solennelle qui sera consacrée à des discours sur le système métrique et ses illustres fondateurs.

Mr Piltschikoff, qui veut bien m’honorer de son amitié, me demande non seulement de prendre part à cette fête scientifique par des lettres, notes, etc., mais encore de lui signaler la manière dont le même centenaire sera célébré en France, afin que les corps savants de France et de Russie puissent «   fraterniser   » à cette occasion.

Vous jugerez probablement, Monsieur le Président et très Honoré Maître, que seul, en France, le Bureau des Longitudes, a qualité pour prendre une initiative relativement à la célébration du «   centenaire du mètre   », et que d’autre part il y aurait peut être des inconvénients fâcheux à ce que la patrie de Borda, Condorcet, Lagrange, Laplace, Monge, Delambre et Méchain, dont les savants russes se proposent d’honorer solennellement l’œuvre admirable, soit la seule à oublier ses glorieux enfants.

Je vous serais infiniment reconnaissant, Monsieur le Président et très Honoré Maître, de bien vouloir me donner votre avis à cet égard, et d’excuser la liberté excessive que j’ai prise en cette occasion.

Veuillez agréer, Monsieur le Président et très Honoré Maître, l’hommage de mon profond respect.

Votre élève dévoué,

E. Mathias

ALS 3p. Registre des séances 1899, Archives du Bureau des longitudes de Paris.

Time-stamp: "28.02.2018 14:08"

Références

  • K. Alder (2002) The Measure of All Things: The Seven-Year Odyssey and Hidden Error That Transformed the World. Free Press, New York. Cited by: footnote 3.
  • K. Alder (2005) Mesurer le monde : 1792–1799, l’incroyable histoire de l’invention du mètre. Flammarion, Paris. Cited by: footnote 3.
  • A. J. v. Oettingen (Ed.) (1904) J. C. Poggendorff’s biographisch-literarisches Handwörterbuch zur Geschichte der exacten Wissenschaften, Vierter Band: II. Abtheilung (M–Z). J. A. Barth, Leipzig. Cited by: footnote 2.