2-33. Paul Langevin

Paul Langevin (1872–1946) fait ses études à partir de 1898 à l’École supérieure de physique et chimie industrielle de la Ville de Paris, où il suit les cours de Pierre Curie, et à partir de 1891 à la Faculté des sciences de Paris. Il est le premier admis au concours de l’École normale supérieure en 1893, où il entre après un an de service militaire. A la Sorbonne Langevin suit les cours de Poincaré sur les oscillations hertziennes (1892–1893) et sur l’élasticité; parmi ses professeurs sont aussi Marcel Brillouin, Désiré Gernez, Émile Picard, Camille Jordan, Charles Hermite, et Jules Tannery. Il est boursier de la Ville de Paris en 1897–1898 au laboratoire Cavendish à l’Université de Cambridge, où il suit les cours de J.J. Thomson, Joseph Larmor, J.W. Strutt, et George Greenhill. Quand il rentre à Paris, Langevin est engagé comme agrégé préparateur dans le laboratoire d’Edmond Bouty, jusqu’en 1903.11 1 A propos des travaux de Langevin pendant la période 1896–1903, voir Lelong (2005). A la fin de 1902, Langevin soutient sa thèse sur un sujet trouvé au Cavendish : la recombinaison et la mobilité des ions gazeux (Langevin 1903a, 1903b).

Le 29 mars 1903, Poincaré invite Langevin à dîner chez lui (§ 2-33-1), avec un certain Monsieur Klein, qui est, peut-être, Félix Klein, professeur de mathématiques à la Georg-August-Universität de Göttingen, et éditeur du volume de mécanique de l’Encyklopädie der mathematischen Wissenschaften mit Anschluss ihrer Anwendungen, un vaste projet d’édition dont il est l’un des fondateurs. Une version française est réalisée en partie, avant que la guerre de 1914–1918 ne coupe court les collaborations scientifiques franco-allemandes.22 2 Pour une comparaison des deux versions de l’encyclopédie des sciences mathématiques, voir Gispert (2001). Poincaré connaît Félix Klein depuis plus de vingt ans; il favorise les collaborations internationales, et doit collaborer à la version française de l’Encyklopädie.33 3 P. Boutroux 1914, 263. Poincaré a eu l’intention de contribuer un article à l’Encyclopédie, comme l’indique une lettre de Jules Molk de 12.12.1901 (correspondance de Poincaré, vol. 4), mais il n’y publie rien. Quant à Langevin, il favorise également les collaborations internationales, et suite au décès d’Alfred Potier en mai 1905, il le succède en tant que co-éditeur (avec Jean Perrin) du volume de physique de la version française de l’Encyklopädie.

La même année, Langevin devient le suppléant d’Élie Mascart dans la chaire de physique générale et expérimentale au Collège de France (après avoir été son remplaçant en 1902). En septembre 1904, Poincaré et Langevin voyagent ensemble aux États-Unis, en tant que membres de la délégation française au congrès des arts et sciences de l’exposition internationale de Saint-Louis.44 4 Langevin, dans une lettre à son épouse, décrit la visite faite avec Poincaré à une raffinerie d’acier, et leur réception à la Maison Blanche par Theodore Roosevelt (fonds Langevin, carton 3, École de physique et de chimie industrielle). Il publié alors une théorie de l’électron, qui est compatible avec l’image électromagnétique du monde, ainsi qu’une théorie du paramagnétisme.

Langevin succède à Pierre Curie comme professeur à l’École de physique et de chimie industrielle de la Ville de Paris en 1905, où il devient directeur des études en 1909. La même année, suite au décès de Mascart, Langevin devient titulaire au Collège de France, où il fera le premier cours en France sur l’espace-temps de Minkowski, en 1910–1911.55 5 Voir les notes manuscrites de Léon Brillouin, Léon Brillouin papers, Box 7, folder 8, Niels Bohr Library, Center for History of Physics. Il participe au premier Conseil Solvay avec Poincaré, Einstein, Marie Curie et d’autres en octobre 1911, et publie les actes (avec Maurice de Broglie). Il est également membre des quatre prochains Conseils Solvay, et suite au décès de H.A. Lorentz en 1928, il devient président du comité scientifique de l’Institut international de physique Solvay. Un intellectuel engagé, progressiste et humaniste, Langevin est vice-président de l’Union rationaliste, président en 1936 du Comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme, et membre de la Ligue des droits de l’homme, activités qui mènent à son arrestation par la Gestapo en 1940, et son assignation en résidence surveillée. Paul Langevin meurt en 1946, et est inhumé au Panthéon en 1948.66 6 Sur la vie et les travaux de Langevin, voir le DSB, Bensaude-Vincent (1987), Épistémologiques (Paris/São Paolo), 2/1–2 (2002), et Bustamante & Kounelis (2005). Voir aussi l’appréciation par Langevin (1913) de la physique de Poincaré.

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Références

  • B. Bensaude-Vincent (1987) Langevin : science et vigilance. Belin, Paris. Cited by: footnote 6.
  • P. Boutroux, J. Hadamard, P. Langevin and V. Volterra (1914) Henri Poincaré: l’oeuvre scientifique, l’oeuvre philosophique. Alcan, Paris. Cited by: footnote 3.
  • M. Bustamante and C. Kounelis (2005) La Physique de Paul Langevin : Un savoir partagé. Somogy éditions d’art, Paris. Cited by: footnote 6.
  • H. Gispert (2001) The German and French editions of the Klein-Molk Encyclopedia: contrasted images. In Changing Images in Mathematics: From the French Revolution to the New Millennium, U. Bottazzini and A. Dahan Dalmedico (Eds.), Studies in the History of Science, Technology and Medicine, Vol. 13, pp. 93–112. Cited by: footnote 2.
  • P. Langevin (1903a) Ionisation des gaz. Annales de chimie et de physique 28, pp. 289–384, 433–530. External Links: Link Cited by: 2-33. Paul Langevin.
  • P. Langevin (1903b) Recombinaison et mobilité des ions gazeux. Annales de chimie et de physique 28, pp. 433–530. External Links: Link Cited by: 2-33. Paul Langevin.
  • P. Langevin (1913) L’œuvre d’Henri Poincaré : le physicien. Revue de métaphysique et de morale 21, pp. 675–718. External Links: Link Cited by: footnote 6.
  • B. Lelong (2005) Ions, electrometers, and physical constants: Paul Langevin’s laboratory work on gas discharges, 1896–1903. Historical Studies in the Physical and Biological Sciences 36 (1), pp. 93–130. Cited by: footnote 1.