5-2-6. H. Poincaré to Eugénie Launois
[Après le 27 février 1878]
Chère m,
Hier j’allai chez le voiturier lui donner mes ordres puis chez Mme Rinck où je trouvai ma boîte à gants — 6 paires de boîte noire et or capitonnée en rose à l’intérieur — Mais il faudrait la porter à son adresse. Mais je ne sais pas si c’est rue Jacob 21 ou Croix des P. ch. 37. – Je ne p. te le dire mais elle est descendue chez une cousine dont je ne s. pas le nom. Je vais redem. [redemander] l’adresse de M. Londeau au voiturier rue Cr. des P Ch. 21 ; là je m’adresse à une honorable concierge ; est-ce ici Mme qu’est descendue une dame avec un cornet acoustique, son mari et sa fille ; Non M. c’est sans doute rue N. des P. Ch 21 ; là nouvelle tête de concierge ; savez-vous le nom de la personne chez qui il a dû descendre ; ici il n’y a q. M. Léon, et Me Vaëll lingère ; je vais ébahir Me Vaëll en lui demand. si elle n’a pas reçu M. Londeau. Je me dis qu’il faut aller au 37 puisque, j’en avais conservé le souvenir, c’était la Banque ! Loin de me décourager je me dirige à toutes voiles sur le 27, Hôtel du Levant et mes efforts sont couronnés de succès. Dois-je prévenir le voiturier that is the question ; Non, me répondis-je fort sagement ; je serai [mot illisible] ainsi que la voiture qui doit aller chercher Mlle Jeanne Londeau ne me devancera pas chez elle.
Le lendemain la toilette absorbe les soins de Me Olleris, de Gonzalve et les miens propres. À 10 h un sapin se met à mes ordres, et me permet de me mettre à ceux de Me Dorvault. Je cours successivement chez la couturière qui est en retard et chez le voiturier auquel je dis d’envoyer rue de Jouy 7 le sapin de la rue Cr. des P. Ch 21 s’il revient bredouille ; puis je cours à cette adresse et à la tête de mes deux sapins je vais me poster fier et devant l’hôtel du Levant. M. Londeau, au 9. Je frappe au 9 on m’ouvre et j’aperçois deux femmes de chambre en train de coiffer Mlle Jeanne Londeau. Pour le moment je n’ai d’autre impression que celle d’une masse de cheveux noirs sur une robe rose. Cette masse répond à mon salut et se lève et me conduit dans un salon où elle me dit d’attendre. 5 minutes après entrée de la dame au téléphone auriculaire ; excuses, protestations – elle va rej. sa fille dans le salon de coiffure. Cependant on entendait une discn. Fort animée entre M. Londeau et un fumiste sur diverses questions scabreuses d’enregistrement. Sortie du fumiste. Excuses, protestations ; au bout de 10’ rentrée de M. Londeau en bit ; excuses, protest. Enfin après une h d’attente on s’enfourne dans une des voitures. J’apprends que Mlle Londeau est fort grippée. Arrivée chez Me Dorvault. On m’expéd. avec les 3 bouquets pour les disp. dans les places q. l. s. destinées. Bouquets des Dlles d’hon. camélias blancs ; liliacés blanc > jacinthe [mot ill.] < lilas blancs ; bouquet de la mariée ; mêmes fleurs plus oranger.
Emballt dans les voitures ; arrivée sous le porche [mot ill.] ; un certain nombre de membres de cortège ont disparu ; on se met en marche sans eux ; autre mésaventure ; de Bouchep a délaissé Mlle Énée. M. Londeau epuis. le cavalier seul dans le cortège se précipite pour le remplacer. Pendant les prépar. J’exam. ma Dlle d’honneur ; selon M. Rinck elle est distinguée mais non jolie. La cote est immédiatement fixée à 6. petite ; faite comme Marguerite Georgel il y a 3 ans – figure comme celle de Mlle Benoît maitresse de piano quand elle était jeune ; yeux bleus, cheveux noirs. Voilà pour la beauté ; voici pour la distinction. Les militaires donnent tous les bras droit rapport à leur sabre. D’ailleurs conservation presque nulle. Cependant le curé commençait son laïus : il commence par parler de Mgr Darboy qui aurait dû bénir cette union ; puis il passe à Adam et Ève (tête d’Élie) de l’histoire de la côte il tire maintes conséquences philosophq ; il saute immédiatt à W. [nom ill.]. Puis il parle de l’assistance, de l’église qui renferme l’élite de la capitale, et tout ce que la science, l’industrie et l’armée possèdent de plus distingué – Puis éloge d’Élie. « Et vous avez rencontré cette jeune fille et vous l’avez appréciée et vous l’aimerez ; oui je vous le dit et je le répète à votre oncle illustre, à Mgr Darboy, vous l’aimerez. Puis éloge des 2 familles et de la mariée.
À ce moment le [mot ill.] se présente et contrairt à toutes les pré on nous fait passer en tête. Les représ. les plus dist. de la scien de l’industrie et de l’armée et en partie la faml Olleris, Ferd. Dietz, Badow, Lecornu et Roche nous comblent de leurs offrandes. Cette cérém. eff. commence le défilé de la sacris, comprenant 500 à 600 personnes. Il dure au moins heure. Puis à la maison nouveau défilé des intimes. Mais à ce moment les nuages s’amoncell. À l’horiz. Mlle J. Lond. est invitée à déjeuner sans ses parents - De plus, son rhume s’accentue et ses parents en profitent pour l’emmener. Le déjeuner commence à 2 h. Je t’envoie la table.11 1 Voir le plan de table en annexe du faire-part de mariage (§ 5-5-1). À la fin M. Rinck prend la parole en ces termes (authentique).
Messieurs, s’il est une heure où l’on éprouve le besoin de manifester hautement les sentiments qui débordent de notre coeur, c’est bien l’heure du moment…Permettez-moi de remercier M. et Me Dorvault de la confiance qu’ils ont bien voulu donner (sic) à mon fils en lui donnant leur fille ; et j’ose le dire, Messieurs, je puis me porter le garant, en quelque sorte, que cette confiance ne sera pas trompée. Oui, Élie, mon cher fils, vous avez toujours eu les sentiments d’honneur et de respect qui font votre force et si, dans un pareil moment, il m’était permis d’exiger encore quelque chose ; je souhaiterais que votre conduite envers votre nouvelle famille rappelle celle que vous avez toujours tenue envers votre père et votre mère. En terminant, Messieurs, permettez-moi de vous proposer de porter un toast à la mariée et au mariée et à leurs excellents parents, j’ai nommé Mme Garot, M. et Mme Dorvault. Ainsi, messieurs, vidons nos verres ensemble à la santé de M. et Me Élie Rinck, de Me Garot, de M. et Me Dorvault (profonde sensation).
M. Rinck avait besoin d’aller au Conserv. car il met toujours l’accent sur l’avant dernière et chevrote sur la dernière.
M. Dorvault répondit : MM. Permettez-moi de remercier M. Rinck des paroles si émues qu’il vient de prononcer ; mais un marig. n’est pas seult l’union de deux jeunes gens ; c’est aussi l’union de 2 familles et c’est à cette union que je vous propose de boire.
Après le déj. on s’est séparés ; j’ai dîné chez M. Olleris. Soirée à 10 h 300 personnes beaucoup d’artilleurs etc. Dure jusqu’à 5 h ; assez beau cotillon. Ma Dlle d’honneur est atteinte d’un rhume tellement considérable qu’elle est privée de l’usage de la parole ; néamn. je dans e le cotillon avec elle ; mais heur. Elle s’en va au milieu.
AL 5p. Collection particulière, Paris 75017.
Time-stamp: " 1.07.2017 19:22"