Pietro Blaserna to Nobel Committee for Physics

Rome 14 janvier 191011 1 Le manuscrit porte un cachet de réception : “K. Vetenskapsakademiens, Nobelkomitéer, Inkom den 20.01 1910”, ainsi que l’annotation : “Härtill 1 bilage”.

R. Accademia dei Lincei, Il Presidente

Proposition au Comité Nobel de Physique (prix) pour l’année 1910

I. Je renouvelle ma proposition des dernières années, que le prix Nobel de Physique, pour l’année 1910, soit décerné au Bureau International des Poids et Mesures de Breteuil, représenté par M. René Benoît, Directeur, M. Édouard Guillaume, Directeur-adjoint, pour leurs éminents travaux sur la longueur d’onde exprimée en fraction du mètre international prototype, sur le volume du kilogramme d’eau pure, sur les perfectionnements de la méthode de Jäderin concernant la mesure des bases géodésiques.22 2 Charles-Édouard Guillaume (1861–1938) a reçu le Prix Nobel de 1920 pour ses services rendus aux mesures de précision, et pour sa découverte d’anomalies dans des alliages d’acier nickelé (Nobel Foundation 1998).

Par les deux premières déterminations les mesures métrologiques ont été portées au plus haut point de précision et a été donnée la preuve qu’on pourra donner aux unités fondamentales une définition naturelle. Par la troisième détermination la mesure des bases géodésiques entre dans une voie nouvelle, tout aussi exacte que la précédente, mais infiniment plus rapide.

Pour démontrer cette proposition, j’ajoute à cette lettre un exemplaire des Comptes rendus de la 4e Conférence Générale des Poids et Mesures, où aux pages 42–74 les méthodes et les résultats obtenus sont exposés.33 3 Guillaume 1907.

Prof. P. Blaserna

II. Je m’associe entièrement à la proposition de M. Darboux et autres, de conférer le prix Nobel de Physique pour l’année 1910 à M. Poincaré membre de l’Institut de France, pour ses éminents travaux concernant le Physique mathématique.44 4 Voir Darboux, Appell et Fredholm au Comité Nobel de physique, ca. 01.01.1910 (§ 2-62-24). L’importance de ses travaux et des mathématiques en général dans les recherches physiques n’a pas besoin d’être démontrée. La physique est une science éminemment expérimentale; mais dans celle, que Bacon de Verulam a appelé la troisième phase de la méthode expérimentale, il s’agit de formuler une ou plusieurs hypothèses, pour en déduire, avec rigueur mathématique, toutes les conséquences qu’on compare avec les résultats directs de l’expérience.55 5 Francis Bacon (1561–1626), First Baron Verulam and Viscount Saint Albans, proposa dans son Novum Organum (1620) une méthode scientifique et une théorie de la connaissance fondées sur le raisonnement inductif à partir des résultats d’observation et d’expérience. Sans cette troisième phase de la méthode, la physique ne serait pas arrivée à son développement actuel.

Prof. P. Blaserna

ALS 3p. Nobel Archives of the Royal Swedish Academy of Sciences. Transcribed in Vetenskapsakademiens Protokoll 1910, 353–355.

Time-stamp: " 2.10.2017 11:48"

Références

  • C. Guillaume (1907) Les Récents progrès du système métrique, rapport présenté à la quatrième Conférence générale des poids et mesures, réunie à Paris, en octobre 1907. Gauthier-Villars, Paris. Cited by: footnote 3.
  • Nobel Foundation (Ed.) (1998) Nobel Lectures in Physics: 1901–1921. World Scientific, Singapore. Cited by: footnote 2.