3-2. Benjamin Baillaud

Édouard-Benjamin Baillaud (1848–1934) entra à l’École normale supérieure en 1866, dans la même promotion que Jules Tannery et Edmond Bouty. Agrégé en sciences mathématiques en 1869, il devint élève-astronome à l’Observatoire de Paris en 1872, et enseigna dans plusieurs lycées parisiens. Il soutint sa thèse sur une méthode de Hugo Gyldén (1876) à la Faculté des sciences de Paris, où il devint suppléant de Le Verrier l’année suivante. En 1878, Baillaud a remplacé Tisserand à la direction de l’Observatoire de Toulouse; il fut chargé du cours d’astronomie à la Faculté des sciences. L’année suivante, il devint professeur d’astronomie, et doyen de la Faculté des sciences. Pendant son décanat, Baillaud refondit les Annales de l’Observatoire de Toulouse, fondit en 1886 les Annales de la Faculté des sciences de Toulouse pour les sciences mathématiques et les sciences physiques, augmenta le nombre des chaires, et lança un programme de construction de bâtiments universitaires. Baillaud a introduit également un certificat de sciences dans les curricula de la formation de médecine qui sera étendu ailleurs en France par la volonté du ministre de l’Instruction publique, sous l’intitulé de “physique, chimie et histoire naturelle” (PCN). Baillaud a réorganisé l’Observatoire de Toulouse en faisant installer cinq grands instruments, un service magnétique, un service météorologique, des ateliers, des laboratoires, des bureaux et des magasins. Pendant sa direction, il a recruté trois agrégés de mathématiques en tant qu’aides-astronomes, qui cumulaient un enseignement à la faculté des sciences : Henri Andoyer (1884), Eugène Cosserat (1886), et Henri Bourget (1895). Il a également fait installer au Pic du Midi une coupole et un télescope de 50 centimètres de diamètre.11 1 À propos de la période toulousaine de la carrière de Baillaud, voir M.-J. Nye (1975), et Lamy (2007).

En 1887, l’Observatoire entra à son initiative dans le projet de la Carte du Ciel, dirigé par l’Observatoire de Paris. En 1899, il obtint le rattachement aux universités des observatoires de province, décret qui va accroître la prospérité de ces établissements. Mais Baillaud voulait revenir à Paris, et envisageait, vers 1902, une candidature à la succession de Charles Wolf, qui se retirait de la chaire d’astronomie physique.22 2 Lettre de Lucien Baillaud à S. Walter, 29.10.2009. Un ancien collègue de Baillaud à Toulouse, Henri Andoyer a été nommé à cette chaire le 28.02.1902 (Charle & Telkes 1989, 23). À propos de la Carte du Ciel, voir Lamy (2008). Il visait surtout un poste à l’Observatoire de Paris, et en 1908, il obtient celui du directeur. En 1909, il devint président du comité permanent de la Carte photographique du Ciel et en 1913, il fut nommé à la direction du Bureau international de l’heure. Pendant la Première guerre mondiale, il assura la transmission des signaux horaires par la tour Eiffel.

Élu correspondant du Bureau des longitudes en 1889, et en 1902, correspondant de l’Académie des sciences (section d’astronomie), Baillaud devint membre de ces deux institutions après sa nomination à la direction de l’Observatoire de Paris. Baillaud appartint également à des commissions et comités (géodésie, sismologie, télégraphie sans fil), du Bureau central météorologique, de l’Institut d’optique, du Bureau des poids et mesures, de la Société astronomique, de la Société de physique, et d’académies étrangères.

On doit à Baillaud des travaux d’astronomie mathématique et d’observation, dont des mémoires sur les satellites de Saturne, la comète d’Encke, et le développement de la fonction perturbatrice. Il a joué un rôle clé en tant que organisateur du projet de la Carte du Ciel. Ses contributions furent reconnues par la médaille Bruce en 1923. Deux de ses cinq fils devinrent astronomes : Jules, astronome à l’Observatoire de Paris et membre de l’Académie des sciences, et René, directeur de l’Observatoire de Besançon et correspondant de l’Académie des sciences de Paris. À propos de la vie et des travaux de Baillaud, voir Borel (1937), et Véron (2016).

Time-stamp: "22.09.2017 18:33"

Références

  • B. Baillaud (1876) Exposition de la méthode de M. Gylden pour le développement des perturbations des comètes. Ph.D. Thesis, Faculté des sciences de Paris, Paris. Cited by: 3-2. Benjamin Baillaud.
  • É. Borel, R. Deltheil and E. Esclangon (1937) Benjamin Baillaud, 1848–1934. Privat, Toulouse. Cited by: 3-2. Benjamin Baillaud.
  • C. Charle and E. Telkes (1989) Les professeurs de la faculté des sciences de Paris (1901–1939). Éditions du CNRS, Paris. Cited by: footnote 2.
  • J. Lamy (2007) L’observatoire de Toulouse aux XVIIIe et XIXe siècles : archéologie d’un espace savant. Presses universitaires de Rennes, Rennes. Cited by: footnote 1.
  • J. Lamy (Ed.) (2008) La carte du ciel : histoire et actualité d’un projet scientifique international. EDP Sciences, Les Ulis. Cited by: footnote 2.
  • M. J. Nye (1975) The scientific periphery in France: the faculty of sciences at Toulouse (1880–1930). Minerva 13 (3), pp. 375–405. Cited by: footnote 1.
  • P. Véron, M. Véron and S. Ilovaisky (2016) Dictionnaire des astronomes français (1850–1950). Unpublished typescript, St. Michel l’Observatoire. External Links: Link Cited by: 3-2. Benjamin Baillaud.